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"Destiny" : un jeu vidéo destiné au succès

"Destiny", la méga-production de l’éditeur de jeu vidéo Activision Blizzard, est sorti mardi 9 septembre. Réalisé avec un budget colossal de 500 millions de dollars, selon l'éditeur, ce dernier opus est l'événement de la rentrée.

C’est un double jour J pour la planète technologique. D’un côté, Apple doit dévoiler, mardi 9 septembre, son nouvel iPhone et sa montre connectée, de l’autre le géant américain du jeu vidéo Activision Blizzard lance "Destiny" à l’assaut du monde.

Pour le grand public, le lancement des nouveaux produits de la marque à la pomme apparaîtra probablement comme un événement autrement plus important que la sortie d’un énième jeu de tir. Mais pour l’industrie du jeu vidéo - qui pèse tout de même 72 milliards d'euros dans le monde, d’après le cabinet américain d’étude Gartner - "Destiny" est l’événement de l’année et la première véritable grande production de l’ère des nouvelles consoles (PS4 et Xbox One).

Pour s’en convaincre, il suffit d’aller faire un tour sur Twitch, le site à la mode qui permet à quiconque de se filmer en train de jouer. Mardi, 52 000 internautes regardaient d’autres joueurs dézinguer en direct des monstres dans ce jeu d’action futuriste. La bêta de "Destiny", une période d'une semaine durant laquelle les joueurs ont pu essayer gratuitement une version non définitive du jeu, a rassemblé quatre millions de personnes. Le quotidien britannique “The Guardian”, le site du “Monde” et d’autres rapportent, de leur côté, que les stocks étaient déjà épuisés.

Il faut dire qu’Activision et le studio Bungie, qui a développé "Destiny", ont tout fait pour susciter l’effervescence au sein de la communauté des joueurs. Bobby Kotick, PDG d’Activision, a même indiqué, en mai dernier, que l’éditeur avait mis 500 millions de dollars (388 millions d’euros) sur la table pour lancer la marque "Destiny". Un chiffre qui a de quoi donner le tournis.

Retour en trois points sur le lancement d'un jeu vidéo hors norme.

Pourquoi "Destiny" était-il si attendu ? C'est une création de Bungie, ce qui garantissait à ce jeu de jouir d’une bonne réputation avant même son lancement. Ce studio de développement américain a, en effet, déjà conquis le cœur des aficionados de jeux de tir avec sa célèbre série "Halo".

Depuis le lancement en 2001 du premier "Halo", cette trilogie a dépassé les 50 millions d’exemplaires vendus et a généré près de trois milliards de dollars de recettes. “Il y a chez le public de fans de l’ADN de Bungie l’envie de découvrir la suite de leur aventure, de voir ce qu’ils offrent de nouveau”, explique à France 24, Michael Sportouch, vice-président Europe de la marque "Destiny" chez Activision.

Et sur le papier, "Destiny" mélange tous les ingrédients à même de faire saliver le “gamer”, c’est-à-dire celui pour qui le jeu vidéo n’est pas seulement une activité du dimanche se résumant à "Angry Birds" et "Candy Crush". “C’est un jeu de tir dans un univers persistant (c’est-à-dire dans lequel des milliers de joueurs peuvent évoluer ensemble, NDLR) qui inclut des éléments de jeu de rôle”, résume Michael Sportouch. En somme, "Destiny" peut fédérer les fans de “Call of Duty” et de “World of Warcraft”, la référence des jeux de rôle massivement multijoueurs depuis 2003. Cela fait du monde au portillon. D’ailleurs, les serveurs du jeu étaient saturés, mardi matin, et les réseaux sociaux étaient pris d’assaut par des joueurs frustrés de ne pas pouvoir essayer leur nouveau passe-temps.

Cinq cents millions de dollars, vraiment ? Le chiffre a fait couler beaucoup d’encre. Après tout, 500 millions de dollars, c’est le double de la somme dépensée pour développer "Gran Theft Auto V", le jeu le plus cher de l’histoire… et aussi le plus rentable à ce jour.

Mais c’est surtout une belle opération de communication de la part d’Activision. En fait, la création du jeu n’a pas coûté autant d’argent. Cette somme astronomique “correspond au montant du partenariat entre Activision et Bungie pour développer la série 'Destiny' sur 10 ans”, précise Michael Sportouch.

C’est une nuance de taille. Il n’empêche que cette enveloppe prouve à quel point il faut avoir les reins financiers solides si on ambitionne de créer un blockbuster à l’ère des nouvelles consoles de jeu. “C’est une superproduction qui a demandé cinq ans de travail avec une équipe de près de 500 personnes au pic du processus de développement”, rappelle Michael Sportouch. On comprend mieux pourquoi Activision met les bouchées médiatiques doubles pour que "Destiny" se vende comme des petits pains.

Pourquoi on ne parle de "Destiny" que sur PS4 ?

C’est un autre révélateur de l’importance de ce lancement pour le secteur. Il y a eu d’intenses tractations entre les différents acteurs du marché dont Sony semble être sorti grand vainqueur. Microsoft n’a, en effet, pas eu le droit d’associer publiquement le nom de ses consoles Xbox One et Xbox 360 à "Destiny". Ce qui donne l’impression qu’il s’agit d’un jeu pour PS4 (et PS3), alors qu’il sort également sur les machines du concurrent américain de Sony.

Microsoft a d’ailleurs tenté de contourner cet embargo en publiant une publicité Xbox pour… un parfum "Destiny". Une ruse qui n’a pas été du goût de tout le monde. Le géant américain a été obligé de retirer la publicité et faire disparaître les images du site destinyfragrance.com, monté pour l’occasion .