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Pétition contre la loi Duplomb : des membres de la majorité réclament un avis scientifique
Face à la mobilisation citoyenne inédite contre la loi Duplomb – à travers une pétition lancée par une étudiante –, certaines voix au sein du camp présidentiel demandent de saisir l'Agence nationale de sécurité sanitaire pour avoir un avis scientifique sur ce texte décrié pour son impact environnemental.
Le président du groupe parlementaire Ensemble pour la République, Gabriel Attal (au centre), assis à côté du député Guillaume Kasbarian, lors d'un débat à l'Assemblée nationale avant le vote de la loi Duplomb, à Paris, le 8 juillet 2025. © Guillaume Baptiste, AFP

Le seuil de 1,5 million de signatures a été dépassé : devant la mobilisation citoyenne inédite contre la loi Duplomb, décriée pour son impact environnemental, certaines voix au sein du camp présidentiel demandent, lundi 21 juillet, de saisir l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) et le gouvernement s'est dit "disponible" pour un nouveau débat au Parlement.

Après le succès de la pétition déposée à l'Assemblée nationale contre la loi, Gabriel Attal a souhaité que le gouvernement demande à l'Anses de donner son avis sur le texte, proposition soutenue par la ministre de la Transition écologique.

"Mon souhait, c'est que ce débat puisse être orienté avant tout par la science. L'Anses doit pouvoir, à la demande du gouvernement je l'espère, produire un avis" qui servirait de "boussole", a déclaré le patron du parti présidentiel Renaissance et chef de file des députés macronistes.

Il s'exprimait lors d'une conférence de presse sur les propositions de son parti en matière d'écologie et d'économie.

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"Sortir des postures politiques"

Dans la soirée, la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher, elle-même favorable à la tenue d'un débat parlementaire sur la loi controversée, a appuyé une telle proposition de "faire appel à l'Anses" et aux "autorités scientifiques", afin "de permettre de sortir des postures politiques dans un sens comme dans l'autre".

"La science n'a pas vocation à se substituer au politique, mais elle peut utilement l'éclairer", a-t-elle souligné dans un message transmis à la presse.

Le succès de la pétition lancée par une étudiante "montre bien évidemment qu'il y a un malaise chez une partie des Français" et "c'est très bien si ce débat peut se tenir à la rentrée parlementaire", a par ailleurs souligné Gabriel Attal.

Pour autant, l'ancien Premier ministre a mis en garde sur la nécessité de conserver une agriculture "qualitative". "On ne gardera pas l'agriculture la plus qualitative au monde si on perd toute une partie de notre agriculture parce qu'on interdit certaines choses sans solution alternative et parce qu'on importe des produits qui viennent de l'étranger, qui utilisent des techniques interdites à nos agriculteurs", a-t-il développé.

Le gouvernement "pleinement disponible" pour ce débat

En une dizaine de jours seulement, la pétition a recueilli plus de 1,5 million de signatures. Soit largement au-dessus du seuil requis des 500 000 pour obtenir un débat en séance, si la Conférence des présidents de l'Assemblée nationale, qui fixe l'agenda, en décide ainsi mi-septembre lors de la rentrée parlementaire.

Une issue qui fait désormais peu de doute, de nombreux responsables politiques s'étant prononcés favorablement, y compris ceux en soutien du texte, à commencer par la présidente de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet (Renaissance). Le patron des députés MoDem, Marc Fesneau, s'est aussi dit prêt à soutenir la démarche.

Même écho chez Marine Le Pen, qui avait voté pour la loi, mais a estimé que "seul un débat démocratique" pourrait restaurer la "confiance" des citoyens face aux "mensonges" accompagnant selon elle la pétition.

Sous pression, la ministre de l'Agriculture Annie Genevard a dit lundi soir que le gouvernement était  "pleinement disponible" pour ce débat.

La loi du sénateur Les Républicains Laurent Duplomb autorise la réintroduction sous condition d'un pesticide interdit en France mais autorisé ailleurs en Europe.

Ce produit est réclamé par les producteurs de betteraves ou de noisettes, qui estiment n'avoir aucune alternative contre les ravageurs et subir une concurrence déloyale. A contrario, les apiculteurs mettent en garde contre un "tueur d'abeilles".

Ses effets sur l'humain sont aussi source de préoccupations, même si les risques restent incertains, faute d'études d'ampleur.

Avec AFP