Alors qu'il devient de plus en plus difficile d'acheminer sur place le personnel et le matériel sanitaire, les compagnies aériennes ayant suspendu leurs vols, les pays d'Afrique de l'Ouest touchés par Ebola peinent à endiguer l'épidémie.
Frappés de plein fouet par Ebola, la Guinée, la Sierra Leone, le Liberia et le Nigeria sont de plus en plus isolés pour faire face, seuls, à l’épidémie. Les dernières compagnies aériennes encore présentes ont en effet décidé de suspendre leurs vols vers les zones touchées. Jeudi 28 août, l'ONG Médecins sans frontières (MSF) a décidé de tirer la sonnette d’alarme sur le sort, de plus en plus inquiétant, des quatre pays d’Afrique de l’Ouest touchés par l'épidémie.
"L’actuelle réponse internationale à Ebola reste dangereusement inadaptée", a affirmé la coordinatrice d’urgence de MSF en Sierra Leone. "L’épidémie d’Ebola est devenue incontrôlable depuis plusieurs mois, mais la communauté sanitaire internationale a mis trop de temps à réagir", poursuit l’infirmière coordinatrice Anja Wolz dans le "New England Journal of Medicine".
Difficile casse-tête pour la communauté internationale. Comment acheminer l’aide d’urgence, si les compagnies aériennes refusent de se rendre dans les pays touchés ? La "très ferme requête" du coordinateur de l’ONU contre le virus Ebola, le Dr David Nabarro, pour que des compagnies aériennes continuent à desservir les capitales des pays touchés, a rencontré peu d’écho.
Il avait averti lundi que "la décision compréhensible de certaines compagnies aériennes de ne plus desservir Freetown, Monrovia ou Conakry avait eu un énorme impact sur la capacité de l’ONU à acheminer du personnel et du matériel".
Air France, British Airways…
"Ce que nous avons vu là-bas, c'est que les structures sanitaires sont submergées et c'est ce que disent les spécialistes de la santé", a souligné la directrice pour l'Afrique de l'Ouest du Programme alimentaire mondial (PAM). "C'est pourquoi cette mobilisation et l'envoi de personnel et d'équipement sont absolument cruciaux", a-t-elle affirmé. Et de rappeler les difficultés créées par la fermeture des frontières de plusieurs pays africains, comme le Sénégal ou le Kenya, et l'arrêt des vols de la quasi-totalité des compagnies aériennes.
Face à l’inquiétude croissante dans le monde, Air France a en effet annoncé la "suspension provisoire", à compter de jeudi, de ses vols vers Freetown. British Airways, elle, a prolongé jusqu’à la fin de l’année la suspension de ses liaisons avec le Liberia et la Sierra Leone. Seules deux compagnies desservent encore ces deux pays : Royal Air Maroc (RAM) et Brussels Airlines. Cette dernière a indiqué qu’elle prendrait une décision en fin de semaine.
Dans l’immédiat, pour répondre à la demande de passagers et acheminer 40 tonnes d’aide médicale de l’ONU, la compagnie belge a précisé assurer trois vols cette semaine vers Freetown, Monrovia et Conakry. Une centaine de tonnes de matériel de santé et d’hygiène financées par la Banque mondiale ont en outre pu être livrées mardi au Liberia par l’Unicef.
20 000 cas à terme
L’Organisation mondiale de la santé a annoncé jeudi avoir dénombré 3 069 cas d’Ebola, dont 1 552 décès, dans quatre pays d’Afrique de l’Ouest, selon son dernier bilan arrêté au 26 août. En six jours, l’épidémie, qui continue à progresser de "manière accélérée", a touché 454 personnes supplémentaires et causé la mort de 125 malades.
L'OMS s'attend à terme à plus de 20 000 cas de fièvre Ebola, mais espère stopper sa progression d'ici à trois mois. Elle a pour cela besoin de 490 millions de dollars.
Avec AFP