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Les miliciens islamistes de Misrata affirment contrôler l'aéroport de Tripoli

Des miliciens islamistes de Misrata affirment avoir pris le contrôle de l'aéroport de Tripoli, samedi. Le Conseil général national, dont le mandat a expiré, a, lui, annoncé la reprise de ses activités pour "défendre la souveraineté de l'État libyen".

Les miliciens de Misrata, à l'est de la capitale libyenne, ont annoncé avoir pris le contrôle de l’aéroport international de Tripoli, samedi 23 août, au terme de six semaines de combats avec les miliciens de Zintan (ouest). Des photos censées montrer les combattants de Misrata fêtant leur victoire devant le terminal et sur le tarmac ont circulé sur les réseaux sociaux.

Si la prise de l’aéroport est confirmée de source indépendante, ce serait un revers pour les miliciens de Zintan – dont font partie d’anciens membres des forces de Mouammar Kadhafi. Ces derniers contrôlaient cette installation stratégique depuis leur arrivée dans la capitale, lors de la guerre civile de 2011.

Alliés au général rebelle Khalifa Haftar, qui a déclaré la guerre aux islamistes à Benghazi, dans l’est de la Libye, les milices de Zintan se présentent comme un rempart face aux fondamentalistes et aux Frères musulmans. Les brigades de Misrata déclarent, elles, vouloir débarrasser la Libye des vestiges de l’ancien régime.

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Les milices de Zintan et de Misrata, deux "groupes mafieux" qui s'affrontent à Tripoli
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Bombardements d'avions militaires non identifiés

Lundi et vendredi, des avions ne portant aucun signe distinctif avaient bombardé les positions des miliciens de Misrata, près de l’aéroport. Le général Haftar avait déjà revendiqué le raid aérien de lundi. Selon l'un de ses officiers, il serait aussi à l’initiative de celui de vendredi. Le Caire nie toute implication, tout comme les pays occidentaux, qui craignent de voir la Libye devenir un repaire de jihadistes. À Tripoli, le gouvernement affirme tout ignorer de ces raids aériens.

Mais samedi, Ahmed Hadia, un porte-parole de l'opération "Fajr Libya" (Aube de la Libye), a nommément accusé les Émirats arabes unis et l'Égypte d’avoir lancé ces raids. Il a affirmé que "le gouvernement provisoire et le Parlement" libyens sont "complices de ces raids et ont de ce fait commis un acte de trahison, qui leur ôte toute légitimité à gouverner le peuple". Et d'ajouter : "Nous nous réservons le droit d'y riposter au moment opportun".

Vers une Libye avec deux Parlements

Le porte-parole a appelé le Conseil général national (CGN), dont le mandat a expiré, à reprendre du service pour "défendre la souveraineté de l'État libyen". Le CGN, où les islamistes étaient bien représentés, a été remplacé le 25 juin par le Parlement, dominé par les non-islamistes.

Mais, coup de théâtre samedi soir : le porte-parole du CGN s'est exprimé pour annoncer la reprise de ses activités. "Le Conseil général national se réunira en urgence à Tripoli pour sauvegarder la souveraineté du pays", a déclaré ce porte-parole, Omar Ahmidane, sur une télévision locale.

Le Parlement libyen, élu en juin lors d'un scrutin auquel seulement 15 % des électeurs ont participé, a réagi dans la nuit de samedi à dimanche, en qualifiant de "terroristes" les islamistes qui contestent sa légitimité, et en affirmant son intention de les combattre en soutenant les forces armées régulières.

"Les groupes qui agissent sous les noms de 'Fajr Libya' et d''Ansar Asharia' sont des groupes terroristes et hors-la-loi, qui se dressent contre le pouvoir légitime", a affirmé dans un communiqué le Parlement, depuis Tobrouk - à 1 600 km à l'est de Tripoli - où il siège.

La perspective d'une Libye avec deux Parlements rivaux fait craindre une situation encore plus incontrôlable, alors que les affrontements entre les milices rivales n'ont pas cessé depuis mai dans le pays.

Avec AFP et Reuters