Poursuivi pour le meurtre sauvage d'Ilan Halimi, Youssouf Fofana, le principal accusé du "gang des barbares", a défié les juges lors du premier jour de son procès. Des incidents ont également eu lieu à l'extérieur de la salle d'audience.
AFP - Le procès du "gang des barbares", 27 jeunes accusés du rapt d'Ilan Halimi, assassiné après trois semaines de calvaire début 2006, se poursuit jeudi devant la cour d'assises des mineurs de Paris, après une première journée marquée par les provocations de Fofana et des incidents à l'extérieur de la salle d'audience.
Au premier jour du procès, mercredi, leur chef présumé, Youssouf Fofana, a d'emblée défié les juges.
Dans la salle des pas perdus, une petite trentaine de très jeunes juifs ont insulté des personnes qu'ils supposaient être des proches des accusés. Quand la mère de Fofana est sortie de la salle, ils l'ont poursuivie et huée, débordant les forces de l'ordre. A l'extérieur du palais, un petit groupe clamait "Justice pour Ilan" ou "Fofana salaud".
"La famille Halimi n'est pas responsable de ces incidents, elle n'est pas responsable de cette tension. C'est le crime qui l'a créée, donc il ne faut pas inverser les choses", a lancé Me Francis Szpiner, l'avocat de la mère d'Ilan qui, selon ses défenseurs, "demande que tout le monde garde son sang froid".
Collier de barbe et crâne rasé, Fofana, 28 ans, était arrivé tout sourire dans le box, vêtu d'un sweat-shirt blanc. Ce jeune d'origine ivoirienne, accusé d'avoir porté les coups fatals à Ilan Halimi, a alors levé un poing vers le ciel en criant "Allah vaincra".
Et dès l'appel des accusés par la présidente, il a continué la provocation. En guise de date de naissance, il répond: "le 13 février 2006, à Sainte-Geneviève-des-Bois", donnant ainsi la date et le lieu de la découverte du corps agonisant de Ilan Halimi, qui devait mourir pendant son transfert à l'hôpital.
Pour nom, il a choisi "africaine barbare armée révolte salafiste", tandis que la présidente se contente de lui signaler que ce n'était pas ce qui figurait sur ses documents.
Sur le banc des parties civiles, la mère d'Ilan Halimi, assise à côté de ses deux filles, n'a rien dit. Déjà, pendant plus d'une heure d'attente -le procès n'a débuté que vers 11H00-, Ruth Halimi était restée silencieuse et concentrée, semblant prier en se balançant imperceptiblement d'avant en arrière.
Lycéens, chômeurs, livreur de pizza, chauffeur de car, étudiant en commerce : les accusés, presque tous dans la vingtaine, ont décliné identité et profession au moment des faits. Emma, qui a servi d'appât pour attirer Ilan dans un piège, était "lycéenne, en seconde".
L'avocate de Fofana, Isabelle Coutant-Peyre, a expliqué à la presse que "ce n'est pas le diable" et qu'il a "été maltraité par une campagne de marketing politique et religieux".
La cour va maintenant avoir dix semaines, jusqu'au 10 juillet, pour démêler les responsabilités des accusés.
Les accusés devront aussi répondre de neuf projets d'enlèvement ayant précédé celui d'Ilan.
La cour n'entrera dans le vif du sujet que la semaine prochaine après avoir procédé à l'appel des 174 témoins et lu l'acte d'accusation.