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Face aux ravages du braconnage, Pretoria a annoncé son souhait de déplacer des centaines de rhinocéros du parc Kruger vers d’autres réserves du pays, réputées plus sûres. Sur les six premiers mois de l’année 2014, environ 370 bêtes ont été tuées.

Face à l’ampleur du massacre des rhinocéros du parc Kruger, célèbre réserve située dans le nord-est de l’Afrique du Sud, Pretoria a décidé de déplacer plusieurs centaines de ces gros herbivores vers d’autres parcs du pays, réputés plus sûrs, ou à l’étranger.

Les chiffres des bêtes tuées sont alarmants. Sur les six premiers mois de l'année 2014, 370 rhinocéros ont été massacrés – sur les quelque 9 000 que compte le parc. Les auteurs de ces tueries sont essentiellement des braconniers venant du Mozambique frontalier. Rien ne semble les arrêter, pas même les importants dispositifs militaires mis en place pour les dissuader.

Un soldat patrouille dans le parc Kruger (AFP)

#SouthAfrica to evacuate hundreds of rhinos from poaching-hit Kruger park http://t.co/I1I5jejQW2 pic.twitter.com/GKUkRYczXU

— The Straits Times (@STcom) 12 Août 2014

"Nous avons pris une décision sur la question de leur déplacement", a ainsi annoncé mardi 12 juillet la ministre de l'Environnement, Edna Molewa, pour éviter une extermination de l’espèce. Reste à trouver les fonds et une logistique efficace pour déplacer ces animaux, chacun pesant environ une tonne.

"Nous pourrons en déplacer jusqu'à 500", a précisé Sam Ferreira, scientifique attaché à SANParks (Parcs nationaux sud-africains), présent aux côtés de la ministre lors de la conférence de presse. La capture d’un seul animal coûte environ 1 000 euros (hors transport) si l’on compte les produits anesthésiants et la main-d’œuvre. Mais ce prix peut être fortement alourdi s'il est nécessaire d'utiliser un hélicoptère pour pister l'animal. "Nous estimons pouvoir capturer 6 à 8 animaux par jour pendant les mois les moins chauds", a expliqué Markus Hofmeyer, directeur des services vétérinaires du parc.

Les braconniers décornent les rhinocéros, vivants

Le gouvernement sud-africain déplore également les méthodes barbares employées par les braconniers pour récupérer les cornes des rhinocéros. Pour éviter d'être repérés, ces derniers utilisent souvent des anesthésiants et non des armes à feu pour immobiliser les bêtes. Ils les décornent à la hache, vivants. L'animal se réveille ensuite avant de mourir d'une longue agonie des suites de sa blessure.

Les braconniers vendent ensuite la poudre de corne de rhinocéros à prix d’or sur le marché noir – essentiellement au Vietnam et en Chine. La médecine asiatique lui prête des vertus, jamais démontrées par la science.

L’Afrique du Sud intensifie donc sa lutte. En plus de ces déplacements de bêtes, la ministre de l’Environnement a déclaré qu’elle mettrait en place des services de renseignements pour infiltrer et démanteler les réseaux. Le pays durcit aussi ses sanctions. Depuis le début de l'année, 62 braconniers ont été arrêtés en Afrique du Sud et la justice a parfois eu la main lourde. Le 23 juillet, un tribunal a prononcé une condamnation record de 77 ans de prison contre un Sud-Africain coupable d'avoir tué trois jeunes rhinocéros.

Le parc Kruger est le plus grand, le plus célèbre et le plus visité des parcs naturels d'Afrique du Sud. Sur ses deux millions d'hectares, on y rencontre tous les animaux endémiques de la région, dont les "Big Five" : lions, léopards, éléphants, buffles et rhinocéros.

Avec AFP