Dans l’est du pays, l’armée ukrainienne intensifie la pression sur les séparatistes pro-russes basés à Donetsk, tandis que la population fuit massivement pour se mettre à l’abri des combats.
Lundi 4 août, les forces ukrainiennes se montraient déterminées à isoler les séparatistes pro-russes dans leur fief de Donetsk, en dépit de l'opposition farouche des insurgés qui a contraint plusieurs centaines de soldats ukrainiens à se replier en Russie.
Les affrontements ont provoqué la mort de plus de dix civils pendant le week-end, mais, après plusieurs échecs, une centaine d'experts néerlandais, australiens et malaisiens ont enfin réussi à se rendre sur le site du crash du vol MH17 à la recherche des restes des victimes et de leurs effets personnels.
Ce drame, qui a fait 298 morts dont 193 Néerlandais le 17 juillet dernier, a entraîné une nouvelle flambée de tensions internationales et l'introduction de sanctions occidentales contre la Russie.
Les forces ukrainiennes se sont engagées à s'abstenir de tout combat dans la zone de plusieurs kilomètres carrés, sous contrôle rebelle, où sont tombés les débris de l'avion malaisien. Mais dans le reste du territoire séparatiste, l'offensive lancée il y a maintenant près de quatre mois se poursuit et se concentre sur les places fortes des insurgés pro-russes.
Dans la journée de lundi, un communiqué du ministère russe des Affaires étrangères a justement accusé l'armée ukrainienne d'avoir déployé de nouveaux lance-missiles autour de Donetsk.
Donetsk et Lougansk "sont les villes clés occupés par les terroristes aujourd'hui, celles où se trouvent la plupart de terroristes et des armes, et nous savons qu'il ne sera pas facile de les libérer", a précisé le ministre ukrainien de la Défense, Valéri Gueleteï.
"Je suis sûr à 100 % que la victoire est très proche", a-t-il insisté dans un entretien dimanche soir à la BBC. "L'Ukraine est une maison en feu. L'armée rentre dans la maison en feu pour éteindre l'incendie et si on ne le fait pas, il gagnera Kiev, Kharkiv, tout le territoire".
À Kharkiv, ville située à proximité de la frontière russe désormais contrôlée par Kiev, un bureau de conscription militaire a été attaqué au lance-flammes pendant la nuit de dimanche à lundi, mais aucune victime n’était à déplorer.
Un exode massif
La ville de Donetsk, dont la population atteignait un million d'habitants avant les hostilités, se trouve en quasi-état de siège. Des tirs d'artillerie ont retenti dans la nuit de dimanche à lundi, a indiqué la mairie.
Nombreux sont ceux qui ont fui et l'exode se poursuit. L'état-major a demandé aux séparatistes de respecter un cessez-le-feu entre 10 h et 14 h, heure locale, afin de permettre le départ des civils.
"Nous partons parce que c'est la guerre", explique Igor, accompagné de sa mère et chargé de plusieurs sacs, qui doit rejoindre des amis dans l'Ouest. "C'est terrible ce qui se passe : ils (les troupes loyalistes) sont entrés dans Marïnka (près de Donetsk) et ont tiré sur tout le monde", déclare sa mère, Nelly.
Kiev a toujours affirmé que sa stratégie était d'isoler les insurgés à Donetsk et Lougansk les couper de la frontière russe plutôt que d'attaquer la ville de front et risquer des combats meurtriers, notamment pour les civils.
À Lougansk, la mairie, qui a mis en garde pendant le week-end contre une possible catastrophe humanitaire, s'est dite incapable de fournir un nouveau bilan, arguant que ni l’électricité ni les communications téléphoniques n’étaient en mesure de fonctionner.
Depuis le lancement de l'offensive ukrainienne, plus de 1 100 personnes sont mortes selon un bilan de l'ONU, qui ne comptabilise pas les victimes du crash. Le ministre de la Défense a souligné que les forces ukrainiennes avaient repris au total 645 localités depuis le début de leur offensive. "Mais le monde doit savoir que la Russie use de représailles. Rien ne les arrête, nous sommes visés par des tirs huit fois par jour depuis le territoire de la Russie", a-t-il dénoncé.
Avec AFP