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Les deux derniers plus hauts responsables khmers rouges jugés pour génocide

Le second procès des deux plus hauts responsables Khmers rouges encore vivants, jugés cette fois pour génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre, s'est ouvert mercredi dans la capitale cambodgienne.

Ce sont les deux plus hauts responsables khmers rouges encore vivants : l'idéologue du régime Nuon Chea, 88 ans, et le chef de l'État du "Kampuchéa démocratique" Khieu Samphan, 83 ans. Mercredi 30 juillet, leur second procès, cette fois pour génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre, s'est ouvert devant le tribunal de Phnom Penh, au Cambodge, sous le parrainage de l'ONU. Depuis 2011, ils comparaissent pour leurs responsabilités dans les atrocités commises entre 1975 et 1979 au nom d'une utopie marxiste délirante. Au total, quelque deux millions de personnes, soit un quart de la population, sont mortes d'épuisement, de maladie, sous la torture ou au gré des exécutions sous le régime de Pol Pot, décédé en 1998 sans avoir été jugé.

Une procédure découpée pour aller plus vite

Le tribunal, critiqué pour ses lenteurs, n'a rendu jusqu'à présent qu'un verdict, contre Douch, de son vrai nom Kaing Guek Eav, chef de S-21 condamné en appel en 2012 à la prison à perpétuité. Pour tenter d'obtenir au moins un verdict avant la mort d'accusés octogénaires qui nient toutes les charges retenues contre eux, la procédure complexe a été découpée.

Les génocides du "Kampuchéa démocratique"

Le terme de génocide est certes communément utilisé pour évoquer la période 1975-1979, mais les massacres, fussent-ils de masse, des Khmers par les Khmers ne sont pas considérés par les Nations unies comme un génocide. Le terme s'applique en revanche aux quelque 20 000 victimes vietnamiennes et aux 100 000 à 500 000 Chams sur 700 000 qui ont été tués par le régime, selon des estimations.

Le premier "mini-procès", qui a duré deux ans, s'est concentré sur les crimes contre l'humanité qu'ont constitué les déplacements forcés de population, lorsque les villes ont été vidées de leurs habitants envoyés travailler dans des fermes collectivistes. Le verdict est attendu le 7 août. Le second procès, qui a débuté mercredi en l'absence de Nuon Chea excusé pour raisons médicales, abordera les accusations de génocide, qui ne concernent que les Vietnamiens et la minorité ethnique des Chams musulmans (voir encadré).

Mariages forcés, viols, crimes en prison

Selon le porte-parole du tribunal Lars Olsen, ce second procès pourrait durer jusqu'à 2016. L'examen des faits devrait commencer au dernier trimestre 2014, après les audiences de cette semaine consacrées à des questions de procédure. Le procès examinera notamment les mariages forcés et les viols commis dans le cadre de cette politique destinée à encourager les naissances. Ce sera la première occasion d'obtenir justice pour des dizaines de milliers de couples, mariés souvent lors de cérémonies collectives. Les audiences aborderont également les crimes commis dans plusieurs prisons, en particulier celle de Phnom Penh, S-21 ou Tuol Sleng, où quelque 15 000 personnes ont été torturées avant d'être exécutées.

Avec AFP