Pour forcer le président Poutine à cesser de soutenir les séparatistes pro-russes dans l'est de l'Ukraine, Bruxelles s’attaque à des secteurs économiques clés pour la Russie. Washington devrait suivre la même voie rapidement.
L’Union européenne (UE) a formellement adopté, mardi 29 juillet, de nouvelles sanctions contre la Russie en réponse à son soutien aux séparatistes pro-russes qui combattent dans l’est de l’Ukraine. Réunis à Bruxelles, les ambassadeurs des 28 ont décidé de frapper directement l'économie russe avec des mesures fortes : blocage de l'accès des marchés financiers européens aux entreprises russes et interdiction de ventes d'armes et de technologies sensibles dans le domaine de l'énergie et des biens à double usage militaire et civil à la Russie.
Bruxelles a également décidé de bloquer les avoirs de quatre hommes d'affaires russes proche du président Vladimir Poutine, accusés de bénéficier de l'annexion de la Crimée ou de soutenir activement la déstabilisation de l'est de l'Ukraine. C'est la première fois que l'UE s'attaque aux milieux d'affaires proches du pouvoir en Russie et c'est un signal très clair de sa détermination à réagir pour sanctionner les opérations de déstabilisation en Ukraine, a-t-on souligné à Bruxelles.
L'UE a durci sa position depuis le crash le 17 juillet d'un avion malaisien dans l'est de l'Ukraine, attribué à un tir de missile des séparatistes pro-russes. Ce drame, qui a coûté la vie à 298 personnes dont près de 200 Néerlandais, a décidé les Européens à frapper l'économie russe, alors qu'ils étaient auparavant divisés à ce sujet.
Pour la chancelière allemande Angela Merkel, ces nouvelles sanctions contre la Russie étaient "inévitables". Le président du Conseil européen, Herman van Rompuy, a parlé d'un "avertissement fort" à la Russie.
Sanctions américaines imminentes
Les États-Unis semblent, dans le même temps, se joindre à l’UE, la Maison Blanche ayant annoncé mardi que de nouvelles sanctions pourraient être votées “dès aujourd’hui”. Plus tôt dans la journée, le secrétaire d’État américain, John Kerry, avait déjà averti Moscou : "Nous sommes, avec l'Europe, dans le processus d'élaboration de nouvelles sanctions" contre la Russie.
Réunis lundi, le président François Hollande, son homologue américain Barack Obama, la chancelière allemande Angela Merkel, ainsi que les Premiers ministres britannique David Cameron et italien Matteo Renzi ont confirmé l'objectif de ces sanctions. Il s'agit de faire pression sur le président russe pour l'amener à faire fermer la frontière russo-ukrainienne et empêcher ainsi que des armes soient fournies aux séparatistes en Ukraine, et les contraindre à négocier avec le pouvoir à Kiev.
Les tensions apparues depuis l'accident de l'avion malaisien ont déjà ébranlé les marchés financiers russes, qui s'étaient péniblement remis des fuites de capitaux ayant suivi l'annexion de la Crimée. Malgré la hausse surprise des taux annoncée vendredi par la banque centrale russe pour calmer la tempête, le rouble avait chuté à son plus bas niveau depuis deux mois, mardi, face à l'euro.
Le site du crash aérien toujours inaccessible
Sur le terrain, les forces ukrainiennes ont intensifié leur offensive ces derniers jours et ont revendiqué, mardi, de nouvelles prises, notamment le village de Stepanovka, à environ 80 kilomètres à l'est de Donetsk. Cette zone située entre la frontière russe et le site où le Boeing malaisien s'est écrasé, est le théâtre de violents combats.
Parallèlement, les experts néerlandais et australiens ont dû renoncer, pour le troisième jour consécutif, à se rendre sur les lieux de l'accident du vol MH17 où demeurent débris et dépouilles, chaque jour qui passe rendant l'enquête sur la catastrophe aérienne plus compliquée.
Avec AFP