Le ministre de l'Intérieur s'est rendu lundi à Sarcelles au lendemain des affrontements qui ont émaillé une manifestation interdite en soutien à Gaza. Bernard Cazeneuve a affirmé que le gouvernement assumait son interdiction.
Si loin et pourtant si proche. Le conflit au Proche-Orient s’est bel et bien importé en France ces dernières semaines. Les manifestations en soutien à Gaza, qui se sont déroulées ce week-end à Paris et Sarcelles malgré leur interdiction, ont dégénéré en heurts violents. Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, s'est rendu lundi matin à Sarcelles pour en constater les dégâts et dénoncer des "actes graves, intolérables" et des "violences antisémites".
"Rien ne peut justifier l’antisémitisme, rien ne peut justifier cette forme de violence, et cela sera combattu et puni car le droit doit passer en raison de la gravité des actes qui ont été commis", a-t-il ajouté, saluant au passage le travail des forces de l’ordre.
Des incidents s'étaieint déjà produits la semaine dernière aux abors de deux
synagogue parisiennes,
rue de la Roquette et rue des Tournelles. Ce sont d'ailleurs ces débordements à caractère antisémites qui avaient poussé les autorités à interdire les manifestations suivantes.
Boutiques casher et synagogues visées
Dans cette ville du Val-d’Oise, des voitures ont été brûlées, du mobilier urbain saccagé, plusieurs commerces de la ville mis à sac, notamment une épicerie casher. Totalement calcinée, cette boutique avait déjà été visée par un attentat à la grenade en septembre 2012 par le groupe dit de "Cannes-Torcy", une cellule terroriste démantelée peu après.
Les assaillants ont aussi voulu s’en prendre à la synagogue de Sarcelles, longtemps appelée "la petite Jérusalem" en raison de l’importance de la coexistence de plusieurs communautés religieuses. Ils ont laissé la population juive locale effrayée. "Un tel déferlement de haine et de violence, c'est du jamais vu à Sarcelles. Ce matin, les gens sont abasourdis et la communauté juive a peur", a affirmé Francois Pupponi, maire socialiste de Sarcelles, présent aux côtés du ministre.
Dix-huit personnes ont été interpellées, dont 11 étaient toujours en garde à vue lundi matin, parmi lesquelles 4 mineurs. Neuf des manifestants arrêtés sont originaires de Sarcelles ou de la ville voisine de Garges-lès-Gonesse.
L’interdiction de manifester en question
Après les débordements du week-end, la décision de la Préfecture et du gouvernement d’interdire les manifestations a été vivement critiquée. Mais le ministre de l’Intérieur a défendu sa ligne : "Ce n'est pas l'interdiction de la manifestation qui fait la violence, c'est la violence qui fait l'interdiction de la manifestation", a souligné Bernard Cazeneuve lundi matin devant la synagogue de Sarcelles, répétant "assumer" son choix de l'interdire.
Le ministre a estimé qu'il était "légitime" de pouvoir exprimer une position sur les événements aujourd'hui à Gaza, mais pas de se livrer à des actes antisémites. " Il est normal dans la République que l’on puisse manifester mais il est intolérable que l’on s’en prenne à des synagogues ou à des commerces parce qu’ils sont tenus par des juifs", a déclaré le ministre de l’Intérieur à la presse à son arrivée dans cette ville de banlieue parisienne.
Interrogé lundi matin sur France Info, Roger Cukierman, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), a estimé que le ministère de l'Intérieur avait fait "ce qui est nécessaire" en interdisant les manifestations de Paris et Sarcelles, car "les faits démontrent qu'il y a risque de trouble à l'ordre public".
La manifestation prévue mercredi autorisée
La préfecture de police de Paris a autorisé, lundi, une manifestation de soutien à Gaza, prévue mercredi 23 juillet. Le cortège doit s'élancer de Denfert-Rochereau à 18h30 et se diriger vers les Invalides. L'appel à manifester a été lancé par le Collectif national pour une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens, qui est constitué de plusieurs partis, syndicats et associations. Le service d'ordre sera assuré par la CGT, la Ligue des droits de l'Homme et Nouveau parti anti-capitaliste (NPA).
Avec AFP et Reuters