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Le Kurdistan irakien en route vers l'indépendance ?

À l'heure où l'Irak, confronté à une offensive djihadiste, est menacé d'implosion, le président de la région autonome du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, a demandé jeudi au Parlement local d'organiser un référendum sur son indépendance.

C’est un pari risqué pour la stabilité de la région : le président du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, a lancé jeudi 3 juillet l’idée d’un projet de référendum d’indépendance au moment où l’Irak est menacé d’implosion par une offensive djihadiste.

Barzani a demandé au Parlement d’organiser le vote. Il avait déjà prévenu en début de semaine, dans une interview à la BBC, que le Kurdistan envisageait d'organiser dans les mois à venir un scrutin sur son indépendance. "Cela [le référendum] renforcera notre position et sera une arme puissante" pour nous, a expliqué Barzani lors d'une réunion à huis clos au Parlement kurde dont l'AFP a obtenu un enregistrement audio.

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Pour Barzani, la période actuelle se prête à un tel scrutin. L'Irak est déjà, selon lui, divisé. Depuis le lancement, le 9 juin, d'une offensive par des insurgés sunnites, de larges pans du territoire échappent au gouvernement de Bagdad. Beaucoup sont tombés aux mains de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL), qui mène l'insurrection. Face à cette débâcle de l’armée irakienne, les Kurdes ont su sortir leur épingle du jeu. Ils ont notamment pris, grâce aux peshmerga [armée kurde], le contrôle de secteurs qu’ils souhaitaient intégrer à leur région autonome mais que Bagdad leur refusait, au premier rang desquels la ville multi-ethnique et pétrolifère de Kirkouk.

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Les États-Unis n’ont pas tardé à réagir à cette annonce de référendum. "Nous continuons de croire que l'Irak est plus fort s'il est uni", a réagi Josh Earnest, le porte-parole de la présidence américaine. Le Premier ministre chiite irakien, Nouri al-Maliki, accuse, lui, les kurdes d'exploiter les récents événements.

Le Kurdistan irakien est une région autonome depuis 1991. Située dans le nord montagneux de l'Irak et frontalière de la Turquie, de la Syrie et de l'Iran, cette région de 4,69 millions d'habitants --principalement des Kurdes, mais aussi une minorité de chrétiens et de Turcomans-- a pour capitale Erbil. Majoritairement sunnite, avec pour langues officielles le kurde et l'arabe et pour monnaie le dinar irakien, la région regroupe les trois provinces de Dohouk, Erbil et Souleimaniyeh, sur une superficie égale à la Suisse.