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"Le Projet du peuple" est une plateforme ukrainienne de financement participatif qui entend contribuer à la modernisation de l’armée du pays. Une initiative qui intervient en plein conflit avec la Russie malgré l'appel à un cessez-le-feu.
L’armée ukrainienne dispose depuis peu d’un petit drone de reconnaissance. David Arkhania en est très fier. Cet ingénieur en informatique natif de Géorgie est à l’origine de l’acquisition de ce petit bijou technologique. “Jusqu’à présent, je ne pouvais pas montrer des images de ce drone pour des raisons de sécurité nationale, mais le gouvernement m’a autorisé à poster sur YouTube une vidéo qui le montre en action dans les prochains jours”, souligne-t-il à FRANCE 24.
Ce petit engin volant pourrait, d’après lui, se révéler utile notamment à l’est du pays où des affrontements entre soldats pro-russes et ukrainiens continuent malgré un appel au cessez-le-feu. David Arkhania n’a pas construit ce drone tout seul, mais son site “Le projet du peuple” a permis de le financer à 100 %. Grâce à cette nouvelle plateforme de financement participatif, il a pu lever les 10 000 euros nécessaires en quelques semaines.
“Premier bataillon populaire”
"Le Projet du peuple" a pour vocation unique de soutenir la cause militaire ukrainienne. “Je l’ai mis en place il y a deux mois et demi parce que je me suis rendu compte, en rendant visite à des régiments près de la ville de Kherson (sud du pays), à quel point notre armée est sous-équipée et qu'elle avait besoin du soutien de tous”, explique David Arkhania. Il assure avoir lui-même versé, auparavant, 20 000 dollars (15 000 euros) pour essayer d’améliorer le quotidien des soldats ukrainiens.
L’idée du "Projet du peuple" n’est pas de construire des drones à la chaîne. Le site vise avant tout à fournir des équipements et des uniformes aux militaires ukrainiens. Les deux principales campagnes de son site sont le “premier bataillon populaire”, pour lequel il a pu réunir 25 000 euros, et le “deuxième bataillon populaire” qui vise à récolter 5 600 euros.
L’argent obtenu grâce au site doit permettre d’acheter tout ce dont les soldats peuvent avoir besoin en termes d’équipement - casque, gilet pare-balle, uniformes - sauf des armes. “Ce serait illégal, mais il est possible de donner l’argent au gouvernement pour qu’il les achète”, souligne David Arkhania.
Souci de la transparence
Pour l’instant, "le Projet du peuple" n’a eu aucun mal à réunir l’argent nécessaire pour financer ses campagnes. Un succès que David Arkhania met sur le compte de son souci de “transparence totale”. “Il y a beaucoup d’arnaques ou de fraudes sur l’Internet, c’est pour ça que je publie tous les matins les comptes mis à jour et que j’indique à chaque fois comment l’argent est dépensé”, affirme-t-il. L’homme a également conclu un partenariat avec un fond de charité afin de donner plus de crédibilité à sa démarche. Il gère aussi une page Facebook, une autre sur Instagram et un compte Twitter sur lesquels il publie des photos pour prouver que l’argent sert bien à aider l’armée ukrainienne.
En outre, “les volontaires avec lesquels je travaille se rendent en personne sur le lieu de livraison des équipements afin de les remettre en mains propres aux soldats et s’assurer qu’aucun intermédiaire ne fasse main basse dessus”, explique David Arkhania. Pour l’instant son petit système a, d’après lui, permis de mieux équiper environ 900 soldats en deux mois.
En parallèle à l’équipement du soldat de base, David Arkhania a aussi soumis un projet d’équipement pour sniper. “Dans des zones où il s’agit de lutter contre d’éventuelles terroristes, les snipers peuvent se révéler très efficaces pour sauver des vies”, soutient-il. Dans la droite lignée du financement du drone, il voudrait également lever des fonds pour pouvoir construire des radars. “Cela permettrait d’améliorer sensiblement les capacités de détection de l’armée”.
Souvenir de Géorgie
David Arkhania n’est pas, pour autant, un militariste convaincu. Son engagement actuel trouve sa motivation dans ses plus jeunes années. “Ma famille a dû quitter la Géorgie à cause de l’interventionnisme de la Russie, j’étais alors trop jeune pour faire quelque chose, cette fois-ci, j’ai l’âge et les moyens d’agir !”, explique-t-il.
Il compte bien passer à la vitesse supérieure avec son site. “La semaine prochaine, je le traduis en anglais et dans d’autres langues pour attirer davantage de financement”, affirme-t-il. Pour l’instant, comme le site est uniquement en ukrainien, les fonds proviennent essentiellement de l’intérieur du pays. Il espère ainsi attirer non seulement la diaspora ukrainienne, mais aussi “tous ceux qui sont exaspérés par la politique russe”.