
Des combattants du Front Al-Nosra, la branche officielle d’Al-Qaïda en Syrie, se sont soumis à l’autorité de l’EIIL près de la frontière syro-irakienne. Depuis janvier, les frères ennemis s’affrontent pour imposer leur leadership en Syrie.
C’est une première en Syrie. Des combattants du Front Al-Nosra, la branche officielle d'Al-Qaïda en Syrie, ont fait allégeance à leurs frères ennemis de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL) à Boukamal, à la frontière syro-irakienne, a annoncé mercredi 25 juin l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
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"Cet acte d'allégeance survient alors que l'EIIL progresse dans la province de Deir Ezzor", dont Boukamal fait partie, a précisé l'OSDH, qui s'appuie sur un vaste réseau de militants et de sources médicales. Un djihadiste de l'EIIL a confirmé l'information sur Twitter en publiant une photo montrant un commandant égyptien du Front Al-Nosra avec un chef tchétchène de l'EIIL.
La soumission d’Al-Nosra montre à quel point les victoires de l'EIIL sur le territoire irakien, ont déstabilisé les combattants d’Al-Nosra. Depuis le mois de janvier, les deux groupes islamistes armés se combattaient pour imposer leur leadership en Syrie. Al-Nosra - et d’autres groupes rebelles - dénoncent régulièrement les exactions et les volontés hégémoniques de l’EIIL, qui aurait tué pas moins de 6 000 personnes en Syrie, selon l’OSDH. Le chef d’Al-Qaïda, Zawahiri, a d’ailleurs plusieurs fois désavoué l’EIIL qui cherche à s’imposer en Irak et en Syrie.
Une alliance fragile
Reste à savoir si cette alliance Nosra-EIIL tiendra dans le temps. "Ils sont rivaux mais ce sont tous les deux djihadistes et des extrémistes. Cette allégeance créera des tensions avec les autres groupes rebelles, y compris les islamistes", a précisé le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.
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À Boukamal, "la tension est vive", a affirmé de son côté un militant de la ville, utilisant pour des raisons de sécurité le pseudonyme de Hadi Salamé. "Et la situation va empirer car cette fusion causera de graves problèmes avec les tribus locales, qui ne vont pas accepter ces changements", car elles sont hostiles à l'EIIL, a-t-il ajouté.
Sans compter que les relations entre les rebelles de l’armée syrienne libre (ASL) et l’EIIL sont également délétères. Le porte-parole rebelle de la province de Deir Ezzor, Omar Abou Leyla, a pour sa part déclaré que Boukamal représentait "une ligne rouge" et que l’ASL combattrait l'EIIL si ses combattants franchissaient la frontière irakienne.
Avec AFP