
Les autorités américaines ont démenti la nouvelle arrestation de la chrétienne soudanaise libérée lundi après avoir été condamnée à mort le mois dernier pour avoir renié l'islam. Washington tente de la faire sortir du pays avec sa famille.
Les États-Unis ont assuré, mardi 24 juin, que la chrétienne soudanaise, dont la condamnation à mort pour apostasie avait été annulée lundi, n'avait pas été une nouvelle fois arrêtée. C'est pourtant ce qu'avait affirmé un peu plus tôt dans la journée un proche de Meriam Yahia Ibrahim Ishag. Ce dernier avait assuré que la jeune femme tentait de quitter le pays avec son mari, un Américain, et leurs deux enfants.
"Le département d'État a été informé par le gouvernement soudanais que la famille avait été temporairement retenue pendant plusieurs heures à l'aéroport pour des questions relatives à leur voyage [...] Ils n'ont pas été arrêtés", a déclaré la porte-parole de la diplomatie américaine, Marie Harf. "Nous sommes directement en contact avec des responsables officiels soudanais pour nous assurer de leur départ rapide et en sécurité du Soudan", a-t-elle ajouté, sans vouloir dire où se trouvaient précisément le couple et leurs deux jeunes enfants, dont un nourrisson né en prison.
Née d'un père musulman, Meriam Ishag, 26 ans, avait été condamnée à mort le 15 mai en vertu de la loi islamique en vigueur au Soudan qui interdit les conversions. Mariée à un chrétien et déjà mère d'un garçon de 20 mois, qui avait été emprisonné avec elle, la jeune femme avait également été condamnée à 100 coups de fouet pour "adultère". Selon l'interprétation soudanaise de la charia, toute union entre une musulmane et un non-musulman est considérée comme un "adultère".
Le verdict avait provoqué un tollé en Occident et parmi les organisations de défense des droits de l'Homme. Il a ensuite été annulé lundi par une cour d'appel qui avait ordonné la libération de Meriam Ishag. Près d'un million de personnes avaient signé une pétition sur le site Change.org, réclamant de lui laisser la vie sauve.
Menacée de mort par sa propre famille
À l'annonce de sa libération, lundi, la jeune femme s'était immédiatement cachée "avec son mari et ses deux enfants dans un lieu sûr", craignant pour sa vie, selon l'un de ses avocats, Me Mohannad Moustafa. "Son soi-disant frère a publiquement affirmé que la famille appliquerait la sentence si elle est acquittée", a affirmé l'organisation Christian Solidarity Worldwide qui œuvre pour la liberté religieuse.
Mardi, l'expert indépendant de l'ONU sur les droits de l'Homme au Soudan, Mashood Adebayo Baderin, a tenu une conférence de presse à Khartoum, appelant les autorités à protéger Meriam Ishag. Si elle a reçu des menaces de mort, "en tant que citoyenne de ce pays, le Soudan doit la protéger comme il doit le faire pour tous ses citoyens", a-t-il déclaré.
Meriam Yahia Ibrahim Ishag est née dans l'État de Gedaref (est) le 3 novembre 1987. Son père, de confession musulmane, a abandonné la maison familiale alors qu'elle avait 5 ans, laissant sa mère, chrétienne orthodoxe, l'élever selon sa confession, selon un communiqué de l'archevêché romain-catholique de Khartoum.
"Elle n'a jamais été musulmane de sa vie", indique le texte signé par le père Mussa Timothy Kacho, vicaire épiscopal de Khartoum. Meriam Ishag a rejoint l'Église catholique juste avant d'épouser fin 2011 Daniel Wani, un citoyen américain selon l'ambassade des États-Unis.
Avec AFP