Abdallah al-Shamy, l'un des nombreux journalistes égyptiens et étrangers accusés de soutenir les Frères musulmans, opposés au nouveau président Abdel Fattah al-Sissi, doit être libéré pour raisons de santé après une grève de la faim.
Le procureur général égyptien a ordonné, lundi 16 juin, la libération du journaliste d'Al-Jazeera Abdallah al-Shamy en grève de la faim depuis bientôt cinq mois, ont rapporté des médias officiels.
Parallèlement, la justice a fixé au 23 juin la date du verdict dans le procès d'autres journalistes d'Al-Jazira accusés de soutenir les Frères musulmans, la confrérie du président islamiste destitué Mohamed Morsi.
Abdallah al-Shamy a été arrêté le 14 août 2013 alors qu'il couvrait pour la chaîne du Qatar la dispersion sanglante d'un rassemblement de partisans de Mohammed. Morsi au Caire. Le journaliste, qui attend son procès, est en grève de la faim depuis le 21 janvier pour protester contre son maintien en détention. Sa famille avait indiqué à l'AFP en mai qu'il avait perdu 40 kilos.
"Le procureur général Hesham Barakat a ordonné la libération de 13 accusés (...) parmi lesquels Abdallah al-Shamy (...) pour des raisons de santé", a indiqué l'agence officielle Mena.
"Notre demande de libération pour Abdallah a été acceptée par le procureur général (...) Il sortira de la prison de Torah (située dans le sud du Caire, NDLR) quand nous aurons terminé les procédures d'élargissement", a déclaré à l'AFP son avocat, Shaaban Saeed.
La chaîne qatarie a affirmé que la décision de libérer Abdallah al-Shamy montrait "le manque de charges contre lui". Appelant les autorités égyptiennes à "libérer l'ensemble des journalistes de la chaîne encore détenus", Al-Jazeera a souligné que "M. al-Shamy était en train de faire professionnellement son travail de journaliste" quand il a été arrêté.
L'Égypte et le Qatar sont à couteaux tirés depuis la destitution de Mohamed Morsi le 3 juillet 2013. Le Caire reproche à Doha de soutenir les islamistes, en particulier via Al-Jazira, tandis que Doha dénonce la répression des pro-Morsi, qui a fait 1 400 morts et conduit à 15 000 arrestations selon des ONG.
L'annonce de la prochaine libération de Abdallah al-Shamy est intervenue quelques heures après que la justice eut fixé au 23 juin la date du verdict dans le procès d'autres journalistes de la chaîne.
'Peine maximale' requise
Le 5 juin, un procureur a requis la "peine maximale", soit entre 15 et 25 ans de prison, contre les 20 accusés, parmi lesquels figurent le reporter australien Peter Greste et deux autres journalistes travaillant pour Al-Jazira English.
Malgré les réquisitions très sévères, les avocats de la défense et les proches des accusés espèrent qu'ils seront acquittés. "J'attends un acquittement. Les audiences ont prouvé que mon frère était innocent", a affirmé à l'AFP Mike Greste lundi.
"Le 23 juin, le monde entier observera l'Égypte pour voir si elle respecte (...) la liberté de la presse", a indiqué de son côté un porte-parole d'Al-Jazira.
Le procès, qui a débuté le 20 février, a suscité un tollé international. Amnesty a notamment estimé que "les autorités égyptiennes se venge(aient) en persécutant des journalistes qui n'ont fait que leur travail".
Certains des accusés ont affirmé avoir été torturés en prison.
Avec AFP