Un avion de transport de troupes a été abattu, tôt samedi matin, par des séparatistes pro-russes à Lougansk, dans l’est de l'Ukraine, selon le ministère ukrainien de la Défense, qui fait état de 49 morts.
La tension reste à son comble dans l’est de l’Ukraine. Un avion de transport militaire ukrainien de type quadriréacteur a été abattu, samedi 14 juin, à Lougansk près de la frontière russe faisant plusieurs victimes. Le ministère ukrainien de la Défense, qui a annoncé l’information tôt samedi matin, indique que "des militaires [et] des équipements" se trouvaient à bord de l'avion. Selon un porte-parole de l'armée, 49 soldats sont morts.
"Les terroristes ont tiré cyniquement et traîtreusement avec une mitrailleuse de gros calibre et touché l'avion IL-76 de l'armée de l'air ukrainienne qui transportait des troupes en rotation et était sur le point d'atterrir à l'aéroport de Lougansk", stipule le communiqué du ministère qui, par le terme “terroristes”, désigne les insurgés pro-russes. Depuis deux mois, ces derniers livrent, contre l’armée régulière, des combats ayant déjà fait 270 morts dans les deux camps.
“Sérieuse escalade de la crise dans l'est de l'Ukraine"
Avant que cette nouvelle attaque n'ait lieu, les Occidentaux soutenant Kiev ont accusé Moscou d'agir en sous-main pour soutenir cette insurrection armée en lui envoyant des armes. Vendredi, les États-Unis ont même affirmé que la Russie avait fourni à la rébellion des chars et des lance-roquettes, du matériel qui a franchi ces derniers jours la frontière entre les deux pays. Mais le Kremlin dément et assure même que des garde-frontières ont intercepté deux blindés ukrainiens qui étaient passés sur le sol russe.
Du côté de l’Otan, le secrétaire général, Anders Fogh Rasmussen, s'est déclaré préoccupé par les informations selon lesquelles les groupes prorusses en Ukraine s'équipaient d'"armes lourdes en provenance de Russie, y compris des tanks". "Si ces informations étaient confirmées, cela marquerait une sérieuse escalade de la crise dans l'est de l'Ukraine", a-t-il ajouté. Même discours pour le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, qui a profité d’un entretien téléphonique avec le président russe Vladimir Poutine, vendredi, pour demander à la Russie d'entamer un processus de désescalade, d’aider à désarmer les rebelles et de stopper le flot d'armes entrant en Ukraine.
À Kiev, la présidence ukrainienne avait affirmé dès jeudi que des "rebelles dans l'Est" avaient "utilisé pour la première fois des chars" ayant "fait incursion depuis la Russie". "La Russie va rétorquer que ces chars ont été pris aux forces ukrainiennes, mais aucune unité de tanks ukrainiens n'opère dans cette zone. Nous sommes persuadés que ces chars viennent de Russie", a accusé la porte-parole du département d'État américain, Marie Harf, vendredi, dans un communiqué.
Victoire à Marioupol, poursuite des combats dans la région de Donetsk
"Des négociateurs ukrainiens et russes se retrouveront ce week-end à Kiev pour discuter de la mise en œuvre du plan de paix", a ajouté Marie Harf. Si "la Russie ne parvient pas à faire baisser la tension, il y aura un prix supplémentaire" à payer, a prévenu la responsable américaine. Un formule utilisée depuis des mois déjà qui fait référence aux sanctions prises contre Moscou pour ses agissements en Ukraine.
En attendant, sur le front, les rebelles ont essuyé un échec à Marioupol, un port stratégique de près de 500 000 habitants dans la région de Donetsk. "Grâce à l'héroïsme des militaires ukrainiens, la situation a été stabilisée à Marioupol", a déclaré le président ukrainien Petro Porochenko, cité sur le site Internet de la présidence. Il a indiqué que Marioupol deviendrait provisoirement la capitale administrative de la région de Donetsk et que le siège de l'administration régionale y serait installé.
Ailleurs, des affrontements qualifiés d’"acharnés" par le ministère de la Défense se poursuivent près de la frontière avec la Russie, à proximité des localités de Snijné et de Stepanivka, également dans la région de Donetsk.
Construction d’un nouveau rideau de fer ?
Pour éviter que combattants, armes lourdes et blindés franchissent la frontière ukrainienne, Igor Kolomoïski, un gouverneur milliardaire ukrainien, a proposé la construction d'un mur de 2 000 km avec des barbelés à la frontière avec la Russie.
Fort de son influence en tant que quatrième fortune d'Ukraine avec 1,8 milliard de dollars, il considère qu'une telle protection est nécessaire "pour éviter toute incursion du côté de l'État russe qui mène une politique agressive envers l'Ukraine".
Avec AFP