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Kiev et Moscou réamorcent un dialogue, des tensions persistent en Ukraine

Malgré un entretien téléphonique entre les présidents russe Vladimir Poutine et ukrainien Petro Porochenko, jeudi, pour tenter de désamorcer la crise entre les deux pays, la tension reste vive sur les terrains militaire et économique.

Quelques jours après s’être entretenus en France, à l’occasion du 70e anniversaire du Débarquement, les présidents russe et ukrainiens ont discuté au téléphone jeudi 12 juin sur les moyens à mettre en œuvre pour mettre fin aux violences dans l’est de l’Ukraine, a fait savoir le Kremlin.

Sur le terrain politique et militaire, les résultats de ces contacts peinent, pour l’heure, à se faire sentir tant les tensions restent vives. Jeudi, le ministre ukrainien de l'Intérieur Arsen Avakov a accusé la Russie d'avoir laissé trois chars et d'autres véhicules militaires franchir la frontière entre les deux pays afin de venir en aide aux séparatistes pro-russes de l'est de l'Ukraine.

"Nous avons vu des colonnes passer avec des véhicules blindés", a-t-il déclaré selon des propos rapportés par les agences Reuters et Interfax. Il a ajouté que l’incursion avait eu lieu au niveau d’un point de passage contrôlé par des séparatistes pro-russes et que les forces de sécurité ukrainiennes avaient riposté en attaquant le convoi.

La Russie n'a pas réagi dans l'immédiat à cette accusation, mais des journalistes de Reuters ont vu trois chars à Snijnïé, la ville de l'est de l'Ukraine proche de la frontière avec la Russie mentionnée par le ministre.

"Absence de progrès"

Les diplomates des deux pays se rejettent la responsabilité du manque de progrès depuis la rencontre inédite vendredi 6 juin en France, entre Vladimir Poutine et Petro Porochenko.

La voiture d'un chef séparatiste explose à Donetsk

Une explosion a fait sauter la voiture du chef des insurgés pro-russes de la ville, Denis Pouchiline, tard jeudi soir dans le centre de Donetsk, dans l'est de l'Ukraine.

"La voiture de M. Pouchiline a explosé. Il n'était pas dedans mais trois gardes du corps ont été blessés", a déclaré à l'AFP une porte parole des insurgés séparatistes, Klavdia Koulbatskaya.

Le mouvement a fait état de quatre blessés dont un grave sur Twitter. L'origine de l'explosion n'est pas connue.

Denis Pouchiline est un des leaders de la "République populaire de Donetsk" (auto-proclamée).

"Nous sommes de plus en plus inquiets de voir l'absence d'un quelconque progrès dans les efforts d'apaisement de la violence, de cessation des affrontements, à commencer par la fin de l'opération répressive" que mène l'armée ukrainienne pour mater l'insurrection dans l'Est, a déclaré le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov.

La Russie a soumis jeudi après-midi un projet de résolution au Conseil de sécurité de l’ONU pour demander l'application d'un plan de paix proposé par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

À Kiev, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andrii Dechtchitsa a rétorqué au cours d’une conférence de presse : "Il faut que la Russie cesse de soutenir les séparatistes. Il faut arrêter l'envoi de blindés et de camions pleins de combattants armés dans les régions de l'Est."

La présidence ukrainienne a indiqué plus tard que Petro Porochenko s'était plaint directement auprès de Vladimir Poutine d'incursions russes à l'est du pays.

Dette gazière : la date limite maintenue au 16 juin

Sur le front du gaz, l'Ukraine restait inflexible, jeudi, dans son bras de fer avec la Russie, rejetant la baisse de prix proposée par Moscou au risque d'une coupure des approvisionnements, redoutée des Européens. D'autant que des pourparlers à Bruxelles se sont soldés mercredi par un échec.

Le géant russe Gazprom a donné jusqu'au 16 juin à Kiev pour rembourser une dette gazière de 4,5 milliards de dollars. Faute de règlement, il menace de passer à un système de prépaiement qui pourrait signifier la coupure des robinets.

Les livraisons de gaz russe en direction de l'Europe, dont près de la moitié transitent par le territoire ukrainien, risquent de s'en trouver affectées, comme lors des précédents conflits gaziers en 2006 et 2009.

La réduction de 100 dollars, à 385 dollars pour 1 000 m3 de gaz, consentie par Moscou n'a pas suffi à débloquer la situation, le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk dénonçant un "piège".

Le président russe Vladimir Poutine a prévenu que Moscou avait proposé son "dernier prix".

Avec AFP et Reuters