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Au lendemain de la contre-performance de l'UMP aux européennes, Jean-François Copé est au pied du mur. Le président de l'UMP, fragilisé par des soupçons de malversations financières dans l'affaire Bygmalion, est attaqué par les ténors de son parti.

L'heure des comptes a sonné pour Jean-François Copé. Au lendemain de l'échec aux européennes, où l'UMP est devancée pour la première fois par le FN, sa direction est remise en cause par certains poids-lourds du parti qui le somment de s’expliquer sur l'affaire Bygmalion, dans laquelle il est soupçonné de favoritisme et de malversations.

Fragilisé, Jean-François Copé a une nouvelle fois botté en touche, lundi 26 mai, alors qu’il était interrogé par BFM-TV sur l'affaire Bygmalion. Il a affirmé qu'il "ne savait rien du tout", des pratiques supposées de la société de communication fondée par deux de ses amis. Cette dernière est suspectée d'avoir surfacturé des prestations commandées par le l’UMP, d’autant plus que certaines d’entre elles seraient fictives, d’après la presse.

Quelques heures plus tard, des sources concordantes à l'AFP, ont annoncé que le président de l'UMP allait porter "porter plainte contre X", sans préciser les motifs.

Le bureau politique du parti, qui se tiendra mardi 27 mai, s'annonce donc pour le moins orageux pour le président de l'UMP, qui s’était offert une trêve après la vague bleue des élections municipales. La semaine dernière, mis sous pression par de nouvelles révélations, il avait appelé son parti à laisser les affaires de côté le temps de la campagne européenne. Les urnes ayant livré leur verdict, la trêve a pris fin dimanche soir à 20 heures précises.

Fillon ouvre le feu

En effet, hier, à peine le résultat du scrutin connu, François Fillon s’est empressé de lier le score de la formation de droite aux soupçons pesant sur son rival, Jean-François Copé. L'ancien Premier ministre a déclaré que l'UMP était "atteinte dans sa crédibilité". Pis, "son honneur est mis en cause", a-t-il asséné tout en réclamant "un changement profond".

L'ancienne ministre et actuelle secrétaire générale déléguée de l'UMP, Valérie Pécresse, s’est chargée, lundi 26 mai, de marteler le même message. Elle a déclaré que le parti devait retrouver "le chemin de la probité" et n'a pas exclu de quitter l'équipe dirigeante du mouvement "si des décisions très fortes" n'étaient pas prises. "La question de l'éthique" ne doit pas être sacrifiée, a-t-elle averti sur LCI et Radio Classique.

Toujours lundi matin, l'ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a proposé la création d'un "conseil d'éthique et de gouvernance" à l'UMP le temps de connaître la vérité sur l'affaire Bygmalion. "J’exige la vérité rapidement", (…). Il faudra "en tirer toutes les conséquences et changer notre organisation en fonction des responsabilités qui auront été identifiées". Quant au maintien de Jean-François Copé à la présidence du parti, "nous devons entendre sa vérité qu'il nous a promise" pour mardi matin, lors du bureau politique. Avec toutes les informations en main, il faudra "conclure à soit la continuité, soit le changement".

Pour Juppé, "l'UMP doit changer"

Après Fillon et Raffarin, un troisième Premier ministre de droite a évoqué la nécessité de procéder à des changements. Il s’agit du maire de Bordeaux et ténor du parti Alain Juppé, que les sondages donnent parmi les favoris à droite pour 2017. "L'UMP doit changer, d'abord elle doit avoir une gouvernance plus collective encore, et puis il faut faire toute la clarté sur ce qui s'est passé" dans l'affaire Bygmalion, a-t-il plaidé, dimanche sur France 2, ajoutant qu'"on ne peut pas attendre que les procédures judiciaires se développent". Et d’ajouter non sans arrière-pensées que l'UMP disposait d'"une ressource humaine très riche et très nombreuse", expliquant implicitement qu’elle était à même de remplacer Jean-François Copé.

De son côté, le vice-président du parti, Laurent Wauquiez a jugé que "l'UMP va avoir besoin d'une profonde reconstruction", Bruno Le Maire martèle que "la direction de l'UMP doit faire la transparence totale sur ce qu'il s'est passé", en allusion à Bygmalion. "Le changement doit être radical".

Se sachant au pied du mur, le président vacillant de l’UMP a promis, dimanche soir, qu'il allait "proposer plusieurs initiatives" lors du bureau politique. Selon plusieurs médias, il est notamment question pour lui de se séparer de Jérôme Lavrilleux et Éric Cesari, ses deux plus proches collaborateurs cités dans l'affaire. "À l'heure où je vous parle, je n'ai pris aucune décision de cette nature", dit-il. Acculé, il pourrait être ammené à trancher pour sauver son poste. Reste à savoir si cela suffira pour calmer les ardeurs de ses rivaux.

Avec AFP

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Pierre Lellouche porte plainte pour usurpation d'identité

Le député UMP Pierre Lellouche a annoncé, lundi 26 mai, qu'il portait plainte pour usurpation d'identité, son nom ayant été utilisé, selon lui, dans l'affaire Bygmalion. Le député avait "contesté formellement" avoir été associé à une conférence organisée en son nom en mai 2012, et facturée à son parti par une filiale de Bygmalion. L’ancien ministre UMP a par ailleurs jugé que la direction de l'UMP devait "changer pour assainir tout ça".