Dernier leader communiste à avoir dirigé la Pologne, le général Wojciech Jaruzelski est mort dimanche à l'âge de 90 ans. Il imposa la loi martiale en 1981 pour tenter de contrer l'ascension du syndicat Solidarnosc de Lech Walesa.
Ancien dirigeant communiste polonais, le général Wojciech Jaruzelski est mort des suites d’un cancer des glandes lymphatiques dimanche 25 mai à l’âge de 90 ans.
Personnage complexe, le général est né en 1923 dans l’est de la Pologne dans une famille de la petite noblesse. Malgré la déportation de sa famille en 1939 en Sibérie, le jeune homme intègre quelques années après l'armée polonaise constituée en URSS sous la tutelle de l'Armée rouge. Il gravit ensuite rapidement tous les échelons de la hiérarchie militaire, tout en poursuivant sa carrière au sein du parti communiste polonais.
L'homme de la loi martiale
Il restera dans l’Histoire comme celui qui imposa la loi martiale à la Pologne pour tenter de mater le syndicat Solidarité de Lech Walesa. Quelques mois après la naissance du syndicat en 1980, le général Jaruzelski prend la tête du parti et du gouvernement. Il cumule alors tous les pouvoirs lorsqu’en décembre 1981 il annonce à ses compatriotes la proclamation de la loi martiale. Le syndicat Solidarité est rejeté dans l'illégalité, ses militants vont en prison.
En 1983, la loi martiale est finalement abrogée et l'étau se desserre petit à petit. L'arrivée au pouvoir à Moscou de Mikhaïl Gorbatchev et la crise économique forcent le général à libéraliser le régime. Sa décision de négocier avec Solidarnosc aboutit en été 1989, à travers les élections législatives semi-démocratiques remportées par le mouvement de Lech Walesa, à la chute du pouvoir communiste.
En 2010, il est officiellement accusé de "crime communiste" pour avoir imposé la loi martiale et risque à ce titre 10 ans de prison, mais son état de santé l'empêche dès 2011 d'assister à son procès. Visage dissimulé la plupart du temps derrière de larges lunettes noires, front dégarni, tête haute, allure rigide, le général Jaruzelski se plaisait à répéter: "Seule l'Histoire me rendra justice".
"Je crois qu'il ne prenait pas plaisir à la vie, à ses petites joies. Le travail et la politique avec un grand P ont toujours été prioritaires pour lui", a écrit sa fille Monika dans un livre biographique.
Avec AFP