Six jours après l'accident minier qui a coûté la vie à 301 mineurs à Soma, la justice turque a ordonné dimanche la mise en détention pour homicide involontaire de trois des 25 personnes arrêtées un peu plus tôt.
La police turque a ordonné dimanche 18 mai la mise en détention de trois individus parmi les 25 personnes arrêtées plus tôt dans la journée. Les trois individus en question sont accusés d'homicide involontaire. Les autres, dont certains dirigeants de la mine de Soma, sont toujours soupçonnés de négligence. Mardi dernier, une explosion dans une mine à Soma, dans l'ouest de la Turquie, a fait plus de 300 victimes.
Samedi, les secouristes ont récupéré les corps des deux derniers mineurs encore bloqués au fond de la mine de Soma, portant le bilan définitif de la catastrophe à 301 morts, a annoncé le ministre turc de l'Énergie, Taner Yildiz. "La mission de sauvetage a été menée jusqu'à son terme. Il n'y a désormais plus aucun mineur au fond de la mine".
Un nouvel incendie s'était déclaré samedi matin dans la mine dévastée, retardant la fin des opérations de récupération des victimes.
Erdogan promet de faire "toute la lumière"
L'accident minier de Soma a provoqué une intense émotion dans tout le pays et déclenché une nouvelle fronde contre le gouvernement islamo-conservateur du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, accusé d'avoir négligé la sécurité des mineurs. Vendredi 16 mai, en fin d’après-midi, la police a violemment dispersé des manifestants, à coups de canons à eaux et de gaz lacrymogènes, blessant au moins cinq personnes.
Déjà fortement contesté par une mobilisation populaire inédite à l'été 2013, le pouvoir a tenté de calmer les esprits en promettant de faire "toute la lumière" sur la pire catastrophe industrielle de l'histoire du pays.
"Il y aura une enquête approfondie", a assuré, mercredi, Recep Tayyip Erdogan, qui s'était rendu sur place. Mais il a aussi imputé l'accident à la fatalité, donnant comme exemple des accidents survenus en France au début du XXe siècle, exacerbant encore la colère populaire. "Les accidents sont dans la nature même des mines", a affirmé Erdogan, avant d'être hué et violemment pris à partie par la population locale.
Un conseiller d'Erdogan frappe un manifestant à Soma
Pour ne rien arranger à cette situation sociale délétère, un conseiller du chef du gouvernement a été filmé et photographié, mercredi, en train de frapper un manifestant maintenu à terre par deux policiers, à Soma.
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Ces vidéos ont enflammé les réseaux sociaux et renforcé l'impression d'un chef de gouvernement manquant d'empathie pour les victimes du drame. La police est sur le qui-vive dans toute la Turquie et réprime violemment tout rassemblement, comme à Istanbul ou à Izmir jeudi.
De son côté, la compagnie privée qui exploite la mine de Soma a démenti toute implication. "Nous n'avons commis aucune négligence dans cet accident", a affirmé Akin Celik, le directeur d'exploitation de Soma Kömür Isletmeleri, devant les journalistes. Une explosion de poussière de charbon pourrait être à l'origine de l'effondrement de la mine, a-t-il ajouté, et non pas le court-circuit d'un transformateur électrique, comme évoqué juste après l'accident.
Avec AFP