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Vincent Enyeama : "Le Nigeria peut remporter la Coupe du monde"

Le gardien de but nigérian de Lille, Vincent Enyeama, a remporté le Prix Marc-Vivien Foé RFI - FRANCE 24 du meilleur joueur africain évoluant dans le championnat de France de Ligue 1 durant la saison 2013-2014. Entretien.

Âgé de 31 ans, Vincent Enyeama a remporté, lundi 12 mai, le Prix Marc-Vivien Foé RFI - FRANCE 24 du meilleur joueur africain évoluant dans le championnat de France de Ligue 1. Le gardien de Lille devance le défenseur ivoirien Serge Aurier (Toulouse FC) et l’international camerounais Henri Bedimo (Olympique Lyonnais).

Avec 82 capes à son compteur en équipe nationale, le capitaine du Nigeria a remporté la Coupe d’Afrique des Nations en 2013 et participera à la prochaine Coupe du monde au Brésil avec les "Super Eagles". Il s’est confié à RFI et FRANCE 24.

France 24 : Vincent Enyeama, vous êtes le lauréat du Prix Marc-Vivien Foé 2014. Qu'est-ce que cela représente pour vous ?

Vincent Enyeama : C'est un grand honneur, beaucoup de fierté. Je veux remercier tout le monde, ceux qui ont voté pour moi, ceux qui m'ont soutenu.

Vous êtes quelqu’un de très croyant. Vous vous référez souvent à Dieu. D’où vous vient cette foi ? Est-ce une affaire de famille ?

En fait, mon père, ma mère, ma famille nous ont éduqués comme ça. Nous sommes catholiques. Nous allions à l’église tous les jours. Nous priions tous les jours. Vous savez, quand vous êtes un bébé et que vous êtes élevé dans ce style de vie, vous avez tendance à adopter ce style de vie. Quand j’ai grandi, j’ai commencé à penser à Dieu et à réaliser que je croyais en lui. Après, je n’ai pas eu de raison de changer. J’ai suivi ce chemin-là.

Après vos débuts au Nigeria, votre première expérience à l’étranger a eu lieu en Israël. Cela a-t-il été facile de s’adapter à un mode de vie très différent ?

J’ai toujours été très ouvert aux changements. Si vous êtes ouvert aux changements, c’est facile d’accepter les autres et un nouveau mode de vie. J’ai toujours eu cette mentalité. Je suis comme ça. Je suis toujours optimiste. J’ai l’esprit positif. Je suis donc aller en Israël, je l’ai vu et je l’ai conquis.

Il y a eu une polémique récemment sur la manière dont les Africains sont traités en Israël. Avez-vous déjà été victime de racisme dans ce pays ?

En Israël, j’ai ressenti du racisme, oui. Mais je ne sais pas ce qui est arrivé à d’autres personnes et je n’aime pas parler de ce qui est arrivé aux autres. J’aime parler de ce que j’ai vu. Personnellement, ça m’est arrivé plusieurs fois : au restaurant, sur un terrain de football. Certains gens sont nés racistes et on ne peut pas les changer. La vie continue, moi je préfère tracer mon chemin.

Plusieurs religions cohabitent au sein de l’équipe nationale du Nigeria. Comment cohabitent les chrétiens et les musulmans chez les "Super Eagles" ?

Parfaitement ! Bien que notre pays ait différentes religions, nous avons ce respect les uns pour les autres, sauf pour les extrémistes chrétiens ou musulmans. En équipe nationale, ce qui nous lie, c’est l’unité des Nigérians. Nous sommes tous en mission, dans le même camp. Cette idée unit l’équipe. Chacun choisit sa religion. Quand l’équipe se réunit, chacun prie : les musulmans, les chrétiens… En équipe nationale, il y a un mélange parfait.

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"C'est très triste ce qu'il se passe au Nigeria"

Que pensez-vous de l’enlèvement des plus de 200 jeunes filles par la secte islamiste Boko Haram ?

C’est un véritable crève-cœur. C’est quelque chose qu’on ne pourrait même pas souhaiter à son pire ennemi. J’ai envie de croire que mon gouvernement fait de son mieux pour libérer ces filles. Nous ne savons pas comment ce problème peut être réglé, mais nous sommes pressés qu’il le soit. Nous voulons vraiment qu’elles reviennent. Nous, les "Super Eagles", nous espérons vraiment que ce problème sera réglé.

Pour parler d’un sujet plus léger, espérez-vous devenir un jour le plus capé de l’histoire de l’équipe nationale du Nigeria ?

Non, je me fiche des statistiques. Je veux juste voir jusqu’où je peux aller et aider mon équipe. Je veux juste pouvoir aider l’équipe. Dès que je ne serai plus efficace, je quitterai la scène. Je m’en fiche d’être le joueur le plus capé de l’histoire des "Super Eagles".

Êtes-vous le meilleur gardien de but africain à l’heure actuelle ?

Je dirais que non…

Qui sont vos rivaux ?

Il y a tellement de bons gardiens de but africains… Ils n’ont pas tous la chance d’être sur le devant de la scène. Il y a le gardien de but togolais de Reims [Kossi Agassa], qui fait un travail incroyable là-bas. Il y a aussi mon remplaçant [en équipe du Nigeria], qui joue en Israël. Austin Ejide est vraiment une superstar là-bas. Il n’a juste pas eu la chance d’être sur le devant de la scène, comme je l’ai eu. Il y a aussi Carlos Kameni, le gardien de but du Cameroun, et aussi Charles Itandje, un autre Camerounais. Ce sont des gardiens de top niveau. J’ai beaucoup de respect pour eux.

Pensez-vous vraiment que le Nigeria puisse gagner la Coupe du monde 2014 ?

Oui, tout est possible. On peut gagner. Le Ghana était tout près des demi-finales [en 2010]. Si nous faisons le maximum tous ensemble, tout est possible.

Vous avez trois enfants. Est-ce qu’ils veulent suivre le même chemin que vous ?

Mon fils adore le football. Il se jette sur un sol, même s’il est dur, pour jouer les vrais gardiens de but. (Il rit) Imaginez que vous ayez un gardien de but à la maison qui saute sur une chaise. C’est mon garçon et je l’aime.

Le Nigeria est devenu réputé pour son industrie du cinéma. Avez-vous déjà pensé à devenir un acteur ?

Oui ! J’espère bien ! Peut-être après le football. Qui sait ? J’ai déjà tourné pas mal de publicités. Je sais donc qu’être un acteur, c’est agréable. Je veux bien en être. Mais pas un musicien ou un artiste ! Parce que je serai incapable de chanter juste (il rit).

Propos recueillis par David Kalfa et Sylvain Mornet.