
L’ancien ministre de la Défense Abdel Fattah al-Sissi, perçu comme l’homme fort du pays depuis qu’il a chassé les Frères musulmans du pouvoir l’été dernier, a assuré que l’armée n’aurait aucun rôle politique s’il était élu.
Candidat ultra-favori de l’élection présidentielle qui doit avoir lieu les 26 et 27 mai, Abdel Fattah al-Sissi a accordé sa première interview à deux chaînes de télévisions privées lundi 5 mai.
Abdel Fattah al-Sissi avait annoncé officiellement qu’il était candidat il y a un peu plus d'un mois. Le maréchal à la retraite, considéré comme un héros national en Egypte depuis qu'il a annoncé l'arrestation du président Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans, le 3 juillet dernier, est assuré de remporter le scrutin, selon les experts, tant il est populaire. Un seul autre candidat, le nassériste Hamdeen Sabahi, ose l'affronter.
Au cours d’une longue interview enregistrée – dont la deuxième partie doit être diffusée mardi soir -, l’ancien chef de l’armée a détaillé ses priorités pour l’Egypte, en insistant sur l’emploi et la sécurité, face à deux célèbres journalistes, Lamis el-Hadidi et Ibrahim Eissa.
"L'armée ne jouera pas de rôle au pouvoir en Egypte", s’il est élu, a-t-il notamment déclaré, alors qu’il a mené le coup de force des militaires contre le président islamiste Mohamed Morsi en juillet dernier. Abdel Fattah al-Sissi a même assuré que l’armée n’avait eu aucun rôle dans la vie politique du pays depuis trente ans.
Pas de réconciliation avec les Frères musulmans
Abdel Fattah al-Sissi a par ailleurs promis qu’il n’y aurait "pas" de Frères musulmans en Egypte, s’il était élu. Le maréchal à la retraite a également affirmé qu’il avait échappé à deux tentatives d’assassinat.
Le gouvernement intérimaire, au pouvoir depuis la destitution de Morsi par l’armée, a déclaré la confrérie islamiste "organisation terroriste" et mène une répression systématique et sanglante contre ses partisans.
Depuis l’été dernier, policiers et soldats ont tué plus de 1400 manifestants pro-Morsi - dont plus de 700 en une seule journée au Caire le 14 août - et emprisonné plus de 15 000 de ses partisans, selon les organisations de défense des droits de l'Homme. Des tribunaux ont condamné à mort des centaines d'entre eux après une seule journée d'audience dans des "procès de masse sans précédent dans l'Histoire récente" de l'Humanité, selon l'ONU.
Répression contre toute voix dissidente
Pour chasser Mohamed Morsi du pouvoir, en juillet dernier, les militaires s’étaient appuyés sur le mouvement populaire contre les Frères musulmans : des millions d’Egyptiens avaient manifesté dans tout le pays le 30 juin pour réclamer la démission du président islamiste, le seul chef d’Etat démocratiquement élu de l’histoire du pays.
Les nouvelles autorités ont aussi étendu la répression aux militants de la contestation libérale et laïque, inquiets d'un retour en force des militaires au sommet de l'Etat. Plusieurs des jeunes activistes pro-démocratie qui avaient lancé le soulèvement contre Hosni Moubarak en janvier 2011 sont aujourd’hui en prison.
Avec AFP