Près d'un an après une grave crise agricole, les paysans colombiens descendent de nouveau dans les rues pour exiger que le gouvernement tienne ses engagements. Et entendent bien se faire entendre avant l'échéance présidentielle du 25 mai.
Les paysans colombiens sont de nouveau en colère. "Les campesinos", qui manifestent depuis trois jours dans plusieurs villes de la Colombie, se disent inquiets de la baisse de leurs revenus et des conséquences des traités de libre échange signés avec les États-Unis et l'Union européenne. Jeudi 1er mai, ils organisent un "concert de casseroles", forme traditionnelle de protestation en Amérique latine, en parallèle aux rassemblements pour la Fête du travail.
Ce nouveau mouvement paysan intervient un an après une grave crise agricole qui s'était traduite par de nombreux barrages routiers et de violentes manifestations ayant fait plusieurs morts. À l'époque, le président Juan Manuel Santos avait décrété un plan d'aide spécial, dont les engagements n'ont pas été tenus, selon les manifestants. "Au contraire, on voit comment on consolide l'activité minière qui contamine et menace d'anéantir 60% de l'agriculture", a affirmé Robert Daza, président d'un collectif agricole national.
Quelque 3 000 paysans ont jusqu'ici participé au mouvement de grogne paysanne avec une trentaine de rassemblements dans 19 localités du pays. La moitié des manifestations se déroulent dans la province de Huila (centre), où sont organisés régulièrement des barrages routiers, et des échauffourées avec les forces de l'ordre ont parfois lieu. Depuis le début du mouvement, 27 policiers ont été blessés et 14 personnes ont été interpellées, a indiqué le ministre de l'Intérieur Aurelio Igarorri.
Trois réunions et pas d'accord
Plusieurs réunions ont pourtant eu lieu cette semaine entre les membres du gouvernement et les associations de producteurs pour désamorcer cette nouvelle crise agricole qui agite le pays. Mais aucune issue n'a été trouvée et les représentants agricoles ont dénoncé un manque de volonté de la part des autorités. "S'il y avait eu un intérêt, les ministres seraient là (...) ou le président mais on voit que l'agriculture ne les intéresse pas", a déclaré Cesar Pachon, porte-parole d'un collectif paysan.
Pour le ministre de l'Intérieur, la date choisie par les manifestants n'est pas anodine et vise à "récolter des votes" en vue de l'élection présidentielle du 25 mai - à laquelle l'actuel chef de l'État Juan Manuel Santos est candidat. Pour éviter que le mouvement ne gagne du terrain d'ici là, le gouvernement a prévu de déployer l'armée, la police et les tanks.
Le ministre craint que la mobilisation ne prenne de l'ampleur puisqu'il a accusé la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) d'"infiltrer les marches paysannes". La rébellion marxiste, qui mène depuis novembre 2012 des négociations de paix, a apporté son soutien aux manifestations.
Avec AFP