Le leader nationaliste irlandais Gerry Adams a été arrêté mercredi 30 avril au soir par la police nord-irlandaise dans le cadre de l’enquête sur le meurtre d’une mère de famille de 37 ans, Jean McConville, tuée par l’IRA en 1972.
Gerry Adams, dirigeant nationaliste nord-irlandais et ancien chef du Sinn Fein – l’aile politique de l'IRA (l'Armée républicaine irlandaise), a été arrêté mercredi 30 avril dans la soirée par la police dans le cadre d’une enquête sur l’enlèvement et le meurtre de Jean McConville, que l’IRA reconnaît avoir tuée en 1972.
"Le mois dernier, Gerry Adams avait dit qu'il était disponible pour rencontrer la police nord-irlandaise concernant le cas Jean McConville. Cette rencontre a lieu ce soir", a déclaré mercredi le Sinn Fein, dans un communiqué.
Une mort controversée
Le meurtre de Jean McConville est l’un des crimes les plus controversés commis durant les "troubles" qui ont marqué la province nord-irlandaise pendant trente ans, jusqu’aux accords de paix de 1998. Âgée de 37 ans au moment des faits, cette mère de 10 enfants, vivant dans un quartier catholique de Belfast, était soupçonnée par l’IRA d’être une informatrice de la police britannique, ce que sa famille a toujours démenti. Son corps n’a été retrouvé qu’en 2003 sur une plage d’Irlande du Nord, dans le comté de Louth, représenté aujourd’hui par Gerry Adams au parlement irlandais.
L’IRA a reconnu son assassinat en 1999, l’année où était créée en Irlande une commission indépendante pour la localisation des restes des victimes de l'organisation paramilitaire. Jean McConville faisait en effet partie des "disparus", ces personnes enlevées et tuées par l’IRA et dont les corps avaient été cachés. Sept sont toujours introuvables.
L'enquête sur le meurtre de Jean McConville a été relancée par la publication d'une série d'interviews d'anciens combattants du conflit nord-irlandais au Boston College. Une ancienne militante de l'IRA, Dolours Price, qui avait posé une bombe contre le tribunal d'Old Bailey à Londres en 1973, y avait accusé Gerry Adams d’avoir ordonné le meurtre de la mère de famille.
Adams plaide innocent
Gerry Adams, qui a toujours nié avoir appartenu à l’organisation clandestine armée, se dit "totalement innocent" : "Je crois que le meurtre de Jean McConville et l’inhumation de son corps dans un endroit tenu secret ont constitué une erreur et une grave injustice à son encontre et à l’encontre de sa famille", plaide le leader dans un communiqué, avant d’ajouter : "des allégations malveillantes et bien médiatisées ont été portées contre moi. Je les rejette."
En campagne pour le Sinn Fein aux élections européennes du 23 mai, Gerry Adams laisse entendre que son arrestation pourrait avoir des arrière-pensées politiques. "J’ai des questions sur le moment (de cette arrestation) en plein milieu d’une élection", a-t-il dit à la télévision irlandaise RTE avant son audition par la police.
Gerry Adams a été l’un des artisans des accords de paix du Vendredi-Saint de 1998 qui ont mis fin à trente années de violence entre les républicains catholiques favorables au rattachement à l’Irlande et les unionistes protestants, partisans du maintien de l’Irlande du Nord dans le giron britannique. Responsable politique reconnu, il se rend régulièrement à la Maison blanche et faisait partie des invités d’honneur aux funérailles de l’ancien président sud-africain Nelson Mandela.
Avec Reuters