Les Européens se réunissent lundi pour prendre de nouvelles mesures contre les intérêts russes. Les États-Unis doivent aussi renforcer les sanctions alors que les séparatistes pro-russes détiennent 7 observateurs de l’OSCE dans l’est de l’Ukraine.
Les États-Unis et l'Union européenne doivent durcir, lundi, leurs sanctions contre Moscou dans la crise ukrainienne, parallèlement à la poursuite des négociations pour libérer les observateurs de l'OSCE détenus depuis trois jours à Sloviansk, bastion des séparatistes pro-russes dans l'est.
En tournée en Asie, le président des États-Unis, Barack Obama, a confirmé lundi la mise en place dans la journée de ces nouvelles sanctions annoncées par le G7 samedi 26 avril pour répliquer à ce que Washington qualifie d’"agression russe" dans l’est de l’Ukraine.
"L’objectif n’est pas ici de viser M. Poutine personnellement", a déclaré Obama à Manille. "Le but est de changer son calcul quant à l’impact négatif à long terme sur l’économie russe des actions dans lesquelles il s’engage actuellement."
L'industrie de la défense dans le collimateur
Le président américain a précisé que les nouvelles mesures viseraient "des individus et des entreprises" russes, notamment "les exportations de matériel de défense de haute technologie." Il s’est félicité d’avoir obtenu le soutien des Européens malgré le scepticisme initial de certains pays quant à l’alourdissement des sanctions contre Moscou.
Dimanche, le conseiller adjoint américain à la Sécurité nationale Tony Blinken a indiqué que les personnes et les sociétés visées seraient proches du président russe Vladimir Poutine. “Nous chercherons à désigner des gens qui sont dans son cercle le plus proche et qui ont un impact significatif sur l’économie russe", a dit Tony Blinken dans une interview télévisée.
Côté européen, les ambassadeurs des 28 pays de l'Union européenne se retrouveront lundi à Bruxelles pour discuter des nouvelles sanctions.
Selon le discours officiel, "Moscou, victime, voit dans ces sanctions un acharnement de la part des occidentaux et promet des sanctions réciproques", rapporte Ksenia Bolchakova, correspondante de FRANCE 24 dans la capitale russe. L’escalade des mesures de rétorsion pourrait cependant "porter un coup à une écononmie déjà au bord de la récession", ajoute-t-elle.
Les fuites de capitaux sont estimées à 70 milliards de dollars depuis le début de l’année et les agences de notation ont abaissé la note de l’État russe, la dernière dégradation en date ayant été prononcée par Standard & Poor’s le vendredi 25 avril.
"Les prévisions de croissance sont à la baisse, le rouble continue de faiblir et la banque centrale a augmenté son taux directeur de 7 % à 7,5 % pour combattre le risque d’inflation", précise Ksenia Bolchakova.
Conférence sur les avoirs ukrainiens volés
Le ministère de l'Intérieur britannique a par ailleurs déclaré que Londres accueillerait mardi et mercredi une conférence internationale parrainée par la Grande-Bretagne et les États-Unis pour aider l'État ukrainien à récupérer ses avoirs volés.
Le forum rassemblera de hauts fonctionnaires gouvernementaux, des experts juridiques, des procureurs, des analystes du renseignement financier et des régulateurs. Le ministre de l'Intérieur ukrainien Arsen Avakov et l'Attorney general (ministre de la Justice) américain Eric Holder sont attendus.
'Aucun effet à court terme'
L'ex-magnat russe et opposant au Kremlin Mikhaïl Khodorkovski, qui se trouvait dimanche 27 avril à Donetsk (est de l'Ukraine), s'est dit sceptique sur l'efficacité de ces sanctions, qui "ne vont avoir aucun effet à court terme sur la Russie". "Cela dégradera sa situation économique, mais cela ne deviendra pas critique avant au moins trois ou quatre ans".
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Sur le terrain, les insurgés ont libéré dimanche soir l'un des huit observateurs militaires de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Il s'agit d'un Suédois, qui souffre de diabète, a indiqué à l'AFP une porte-parole des séparatistes. Il a quitté son lieu de détention, la mairie de Slaviansk, accompagné par deux négociateurs de l'OSCE.
Le responsable en exercice de l'OSCE, le ministre suisse des Affaires étrangères Didier Burkhalter, a évoqué une situation "inacceptable" et a appelé à la garantie de la sécurité des observateurs internationaux.
Les rebelles retiennent aussi quatre Ukrainiens qui les accompagnaient mais ne sont pas apparus en public.
Douglas Herbert, envoyé spécial de FRANCE 24 dans la ville voisine de Donetsk, ajoute que des "paramilitaires russes" se sont emparés dimanche du bâtiment de la télévision régionale, sans perturber les émissions pour l’instant.
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Avec AFP et Reuters