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Le camp Bouteflika crie victoire, l'opposant Ali Benflis dénonce des fraudes

Le plus proche conseiller d’Abdelaziz Bouteflika a revendiqué jeudi soir la victoire du président sortant. Son principal rival, Ali Benflis, dénonce une "fraude à grande échelle". Les résultats doivent être publiés vendredi après-midi.

Avant même l’annonce des résultats officiels, attendus dans la journée de vendredi, le principal conseiller d’Abdelaziz Bouteflika a revendiqué jeudi soir la victoire du chef de l’État sortant à l’élection présidentielle du 17 avril en Algérie. "Notre candidat a gagné", a déclaré Abdelaziz Belkhadem, représentant personnel du chef de l’État, en fin de soirée à l’agence Reuters. "Cela ne fait aucun doute, Bouteflika a remporté une victoire écrasante", a-t-il ajouté, sans plus de précision.

Ali Benflis, le principal rival du président sortant, a dénoncé une "fraude à grande échelle" et de "graves irrégularités" tout au long de la journée et partout dans le pays, sans toutefois citer d’exemple. Peu après la fermeture des bureaux de vote, l’ancien dirigeant du Front de libération nationale (FLN) et ancien Premier ministre d’Abdelaziz Bouteflika a affirmé qu'il rejetait "en bloc et en détail" le résultat.

Les résultats du scrutin doivent être annoncés vendredi après-midi par le ministre de l'Intérieur Tayeb Bélaïz. Pourtant, malgré l'absence de sondages, les partisans du président sortant ont commencé à célébrer sa victoire dans les rues d'Alger, dès la fermeture des bureaux de vote. Des cortèges de voitures, ornés du drapeau national et du portrait de leur champion, sillonnaient à coups de klaxons les principales artères de la capiale. Un feu d'artifice a même été tiré sur la place de la Grande Poste, au cœur d'Alger.

Des incidents, notamment en Kabylie

Jeudi, les opérations de vote se sont globalement déroulées dans le calme. Plus de 260 000 policiers et gendarmes ont été déployés pour assurer la sécurité de près de 23 millions d'électeurs. Les gendarmes ont dû cependant intervenir à coups de grenades lacrymogènes dans deux villages de la région de Bouira, en Kabylie, où des jeunes tentaient de perturber le scrutin. Soixante-dix personnes ont été blessées et plusieurs urnes ont été incendiées dans cette région berbérophone à l’est d’Alger.

Totalement absent pendant la campagne électorale, Abdelaziz Bouteflika, dans un fauteuil roulant, a voté dans le bureau de vote du quartier algérois d’El Biar, ne faisant aucune déclaration et serrant brièvement les mains de quelques sympathisants avant de repartir.

Une participation en net recul par rapport à 2009

Au pouvoir depuis 15 ans, physiquement diminué depuis son accident vasculaire cérébral au printemps 2013, le président algérien reste à 77 ans le grand favori de l’élection, face à une opposition divisée, dont une partie a demandé le boycott du scrutin. Jeudi, le taux de participation s'est établi à 51,7 %, en net recul par rapport aux 74 % en 2009. Le plus faible taux de participation a été enregistré en Kabylie (autour de 25 %), et dans la capitale, où les Algérois ont été seulement 37 % à voter.

En 2004, Abdelaziz Bouteflika avait été réélu avec 85 % des voix, un score qu’il a porté à 90 % cinq ans plus tard, lors de la précédente élection présidentielle qui, selon l’opposition, avait donné lieu à une fraude "industrielle".

Après avoir entretenu un certain suspense, la presse semblait entériner vendredi une reconduction d’Abdelaziz Bouteflika pour un quatrième mandat de cinq ans. Le quotidien francophone "El Watan" a parlé d'un "scrutin dénué de crédibilité", dénonçant la fraude qui "a toujours régné sur les élections algériennes". Pour "Liberté" aussi, le scrutin est "dénué d'enjeux réels".

Avec AFP et Reuters