
Une bactérie entraîne depuis plusieurs semaines un dépérissement rapide des orangers de Floride. La récolte d'oranges a chuté à son plus bas depuis 29 ans, tandis que le prix du jus s'est, lui, envolé à Wall Street.
La récolte d'oranges devrait chuter de 18 % en 2014 et atteindre son plus bas niveau depuis 29 ans, selon un rapport du département de l'Agriculture des États-Unis (USDA). En cause, la "maladie du dragon jaune", une affection d’origine bactérienne qui sévit dans les vergers d'agrumes en Floride. Une maladie qui entraîne une conséquence directe sur le prix du jus, qui enregistre son plus haut niveau depuis deux ans à Wall Street.
"J'ai l'impression qu'on est en train de perdre la bataille" face au "huanglongbing", autre nom de cette bactérie venue d'Asie qui rend les fruits amers et les fait tomber de l'arbre prématurément, se désole Ellis Hunt. Ce chef d'une importante exploitation familiale à Lake Wales, dans le centre de la Floride, cultive des agrumes sur 2 000 hectares. À cause du microbe, sa production d'agrumes est passée en quelques années du million à 750 000 caisses.
Hausse du cours
La propagation de cette maladie transmise par un insecte est telle cette année que les autorités ont abaissé par quatre fois leurs prévisions pour la récolte à venir.
Dans la foulée du rapport du département de l'USDA, le cours du jus d'orange congelé a atteint un niveau plus vu depuis fin mars 2012 sur la plateforme Inter Continental Exchange à New York : le contrat pour livraison en mai, le plus échangé, a bondi de 7 % en trois séances pour grimper à 1,6680 dollars la livre.
Bien sûr cette hausse des cours est aussi alimentée par la sécheresse qui frappe le Brésil, premier producteur mondial de jus d'orange devant la Floride. "Mais les chiffres de l'USDA ont jeté de l'huile sur le feu", assure Joe Nikruto.
Redonner le goût du jus d'orange
Dans ses vergers, Ellis Hunt passe désormais de l'insecticide une fois toutes les quatre semaines. Mais "même en ajoutant des engrais, des nutriments, des minéraux pour tenter de renforcer l'arbre, cela ne suffit pas à enrayer la dissémination", ajoute-t-il.
Certains petits agriculteurs ont, par dépit, carrément abandonné leurs vergers car la hausse des cours ne suffit pas à compenser les pertes de production. Les autorités se démènent pour aider l'industrie des agrumes, qui représente en Floride 9 milliards de dollars et 76 000 emplois, à garder la tête hors de l'eau.
Des millions de dollars sont consacrés à des recherches sur les façons de vaincre la bactérie. Tout en gardant à l'esprit qu'épandre des produits phytosanitaires sur les quelque 210 000 hectares et 70 millions d'arbres des vergers d'agrumes de Floride sera une tâche ardue.
"Nous verrons les gens commencer à replanter et accroitre la production dans les trois à cinq ans", assure pourtant Daniel Sleep, responsable au ministère de l'Agriculture de la Floride. "Avec l'éventail de ressources déployées, il n'y a pas d'autres issues possibles".
Les Américains boivent moins de jus d’orange
Mais une fois cette calamité surmontée, les exploitants devront s'atteler à une autre gageure: redonner aux Américains le goût du jus d'orange.
Les États-Unis restent de loin le premier consommateur mondial de la boisson mais sa consommation a baissé de 30 % depuis 2003. En cause: la multiplication de bouteilles en tous genres dans les rayons, dont l'eau et les sodas allégés, moins caloriques.
"Et puis le jus d'orange est étroitement associé au petit-déjeuner, et avec l'accélération du rythme de vie, nous avons tendance à sauter ce repas", souligne Daniel Sleep.
Cet aspect retient d'ailleurs les cours du jus d'orange de monter trop haut, relève Joe Nikruto. "Il est difficile de demander aux gens de payer plus pour un produit qu'ils consomment de moins en moins".
Jeudi, à la mi-journée, le cours de PepsiCo, propriétaire de Tropicana, grimpait de 0,81 % à New York.
Avec AFP