Diego Simeone, l’entraîneur argentin de l’Atlético Madrid, a métamorphosé le club espagnol depuis son arrivée en 2011. L’actuel leader de la Liga s’est qualifié mercredi pour les demi-finales de la Ligue des champions. Portrait.
"Les bons ne gagnent pas toujours, ce sont ceux qui luttent qui gagnent". Cette phrase, prononcée par Diego Simeone le charismatique entraîneur de l’Atlético Madrid, mercredi 9 avril, quelques minutes après la qualification de son équipe pour les demi-finales de la Ligue des Champions, résume parfaitement le personnage.
Quand il était joueur, l’ancien milieu défensif international argentin (104 sélections, 11 buts) ne baissait jamais la tête. Combatif jusqu’à la dernière seconde de jeu, même en match amical, il n’économisait aucune goutte de sueur pour gagner un duel et élevait la voix pour haranguer des coéquipiers pas assez impliqués et les remettre dans le droit chemin. Un don de soi permanent, qui lui a permis de gagner une pelletée de titres que ce soit avec l’Argentine (deux Copa America) ou en club avec l’Atlético, l’Inter de Milan et la Lazio de Rome .
"J'ai eu l'occasion de jouer contre Simeone", a déclaré, mercredi soir sur beIN Sports, Willy Sagnol, ancien international français et sélectionneur des Espoirs. C'était un véritable chien sur le terrain". Un compliment flatteur pour le natif de Buenos Aires.
Détermination et volonté
Cette fameuse "grinta" qui caractérise les joueurs argentins, lui, l’a bien incrustée dans son ADN. Au point d’irradier ses joueurs qui, depuis l'arrivée au club rojiblanco de Simeone en décembre 2011, se sont métamorphosés en guérilleros prêts à laisser leur peau sur le terrain plutôt que d’en sortir vaincus. "Quand 'El Cholo' est arrivé, c'est comme si on a avait signé dans un nouveau club", a confié en début d’année le défenseur brésilien et ancien sochalien Joao Miranda, au magazine anglais Four Four Two.
Tel était sa force, et tel est l’héritage qu’il a transmis à ses hommes, qui ont éliminé le Barça de Lionel Messi et de Neymar en quart de finale de la C1. Le calvaire vécu hier par les Blaugrana dans l’enceinte en fusion de Vicente Calderon restera longtemps dans les mémoires des supporteurs de "l’Atleti". Ces derniers, d’une fidélité sans faille à leur club, étaient plutôt habitués à vivre dans l’ombre du Real Madrid voisin, avec en prime, un irrépressible sentiment d’infériorité.
Mais ça, c’était avant. Avant que le technicien argentin de 43 ans ne prenne les rênes de l’équipe. Depuis en effet, le palmarès de l’Atlético s’est enrichi d’une Ligue Europa en 2012, d’une Supercoupe d’Europe la même année, et d’ une Coupe du Roi en 2013, et ce, en remportant la finale face au Real de Mourinho et de Cristiano Ronaldo en finale, et à Bernabeu.
Pour parvenir à ses fins, Diego Simeone a bâti une équipe disciplinée, solidaire et compacte, qui se caractérise par une présence et une agressivité continues dans les duels, et un placement qui ne laisse aucun espace entre ses lignes en phase défensive. Son équipe est actuellement la meilleure défense de Liga (22 buts encaissés après 32 journées) et de Ligue des Champions (5 buts en 10 matchs).
En attaque, "El Cholo" prône un jeu rapide et direct vers l’avant : inutile, à ses yeux, de redoubler les passes à l’infini comme le Bayern ou le Barça. Supersoniques et techniques, les contre-attaques des Colchoneros sont souvent fatales à l'adversaire. Ajoutez à cela la détermination et la volonté de vaincre inculquées par Diego Simeone à ses joueurs, toujours impliqués de la première à la dernière minute, le résultat est un cocktail ravageur. "J'admire ces joueurs, j'admire leur dévouement et la manière dont ils travaillent ensemble, au sein d'un collectif", a-t-il déclaré après le match d'hier.
Il replace l’Atlético en haut de l’affiche
Il arrive parfois que Diego Simeone, sous contrat jusqu’en 2017, accepte de perdre un match, mais à une seule condition : que ses hommes aient tout donné sur le terrain. S’il respecte chaque joueur de son effectif, "seuls ceux qui le méritent jouent", il n’admet pas ceux qui font semblant, qui trahissent le maillot que lui-même a porté il y a quelques années. Notamment en 1996. Une date inscrite dans la mémoire de chaque supporteur de "l’Atleti". Cette année là, le club réalisait un doublé Coupe-Championnat retentissant aux dépens du Real et du Barça, avec comme capitaine, Diego Simeone en personne. Depuis, le peuple rojiblanco attend un nouveau titre de champion. Une patience qui pourrait être récompensée dès cette année. Et pourquoi pas non plus aller jusqu’au bout du rêve en C1.
Après le mercato estival de 2013, certains observateurs pensaient que le départ pour l’AS Monaco de Radamel Falcao, auteur de 52 buts en 68 matches de Liga l'an passé, allait faire rentrer l’équipe dans le rang. Balivernes ! À six journées du clap de fin, l’Atlético trône en tête du championnat espagnol, avec un point d’avance sur Barcelone et 3 points sur le Real Madrid, alors que son budget de 130 millions d'euros (le même que l’Olympique Lyonnais en Ligue 1) est inférieur de 400 millions à celui de ces deux clubs rivaux, aime à rappeler "El Cholo".
Opposé à cinq reprises à l’Atlético, le Barça n’a jamais pu percer le coffre-fort rojiblanco : quatre matches nuls et une défaite, celle d’hier. Pis, Lionel Messi reste sur cinq matches sans avoir marqué contre les Madrilènes. Mauvaise nouvelle pour les Blaugrana, les deux clubs s’affronteront lors de la dernière journée de Liga, qui pourrait être décisive pour le titre suprême et couronner le travail de Diego Simeone.