
FRANCE 24 reçoit le maître américain du polar, James Ellroy, à l'occasion de la sortie de son dernier livre "Extorsion". Le célèbre écrivain revient sur sa relation avec la France et l'écriture.
Il raconte comme personne les bas fonds de Los Angeles, la ville qui l’a vu naître en 1948. James Ellroy est célèbre dans le monde entier pour ses polars, mais c’est en France qu’il est le plus lu. Auteur d’une vingtaine de romans, dont le "Dahlia Noir" et "L.A. Confidential", tous deux adaptés au cinéma, il publie cette fois une nouvelle, "Extorsion", accompagnée de deux chapitres de son prochain roman "Perfidia".
James Ellroy n’a pas toujours été l’écrivain reconnu qu’il est aujourd’hui. Traumatisé par l’assassinat de sa mère, quand il avait dix ans, il sombre dans la délinquance. Il connaîtra la drogue et vivra de longues années de petits larcins, avant de se reprendre en main. "C’est Dieu qui m’a apporté la rédemption", confie-t-il sur le plateau de FRANCE 24. "Mais j’étais prêt : je voulais avoir une belle vie, une petite amie, écrire des romans", poursuit-il. Et d’expliquer : "C’était un long chemin, car la vie d’un homme n’est pas un long fleuve tranquille".
Son passé lui semble aujourd’hui lointain : "Je suis devenu un être profondément spirituel et je n’ai plus mes pulsions sombres d’autrefois. Mais j’ai conservé ma curiosité pour découvrir les secrets au cœur de chaque individu".
Et la littérature n’a jamais été bien loin. "J’ai toujours été un lecteur avide ", raconte James Ellroy. "Maintenant je suis un voyeur de l’âme humaine. Je regarde dans le cœur des gens et j’essaie de comprendre leur âme profonde", explique-t-il.
James Ellroy, qui précise qu’il écrit à la main, est particulièrement heureux à chaque fois qu’il vient en France et qu’il y rencontre ses lecteurs. "Il y a en France une grande tradition d’amour et de respect pour le romancier", estime l’écrivain. "J’utilise des mots au sens ambigu et les Français comprennent ce langage, propre au roman noir, instinctivement", observe-t-il avant de noter que Camus, adorait le roman noir. "J’adore la France et je lui dois beaucoup. Il y a là les gens les mieux éduqués, les lecteurs y sont très amicaux", conclut-il.
Son éditeur chez Rivages/Noir, François Guérif, dit de lui qu’il est "l’écrivain ultime". "Une seule chose l’intéresse : l’écriture", explique-t-il. "Dès qu’il a trouvé une chose qui marche, il se met en quête d’une autre. Il fait des essais, et certains lecteurs ne suivent pas. Mais c’est bien cela qui est magnifique chez lui : il se remet en jeu à chaque livre", poursuit l’éditeur. Il sera l’invité de Quai du Polar, festival littéraire entièrement consacré au genre, qui se tient à Lyon du 4 au 6 avril.
Les coulisses de l'entretien