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Les policiers tunisiens jugés pour le viol d'une femme en 2012 ont été condamnés, lundi, à sept ans de prison. L'affaire avait fait scandale en Tunisie et à l'étranger car la victime avait failli comparaître pour "atteinte aux bonnes mœurs".

L’affaire avait fait scandale en Tunisie mais aussi à l'étranger. Les deux policiers, qui étaient jugés pour le viol d'une jeune femme en 2012, ont été condamnés, lundi 31 mars, à sept ans de prison.

Les deux hommes sont accusés d'avoir violé la jeune femme à tour de rôle, tandis qu'un troisième agent de police conduisait son petit ami jusqu'à un distributeur de billets pour lui extorquer de l'argent. Cet agent s'est vu infliger une peine de deux ans de prison, a affirmé à l'AFP une source judiciaire.

Me Nasraoui, l’une des avocates de la victime, s'est dite, lundi soir, "très déçue" par le verdict jugé trop "clément". Plus tôt, au cours de l'audience à huis clos, la défense des accusés avait réclamé un non-lieu et les policiers avaient nié le viol, accusant au contraire la jeune femme, connue sous le nom d'emprunt de Meriem Ben Mohamed, de leur avoir fait des avances.

L'un des policiers, a rapporté Radhia Nasraoui, a assuré que c'était la jeune femme qui avait cherché à lui faire une fellation. "Ils ont nié" avoir violé Meriem, a renchéri Koutheir Bouallègue, un autre de ses avocats. "L'un a juste reconnu s'être masturbé", a-t-il précisé.

Les policiers ont, en effet, raconté avoir surpris Meriem et son petit ami en train d'avoir des relations sexuelles dans une voiture en septembre 2012, dans une banlieue de Tunis. Des déclarations qui ont failli valoir des poursuites pour atteinte à la pudeur contre le couple, déclenchant un vaste scandale en Tunisie et une campagne de soutien à la victime à l'étranger.

"Quand je réclame justice, on m'insulte"

Meriem est sortie très affectée du procès. Il faut dire que la défense a largement fondé sa plaidoirie sur le rapport de la médecine légale, insistant sur le fait que la jeune femme avait une activité sexuelle régulière.

"Leur objectif, c'est de dire au tribunal qu'elle n'était pas vierge. Ils attaquent sa personne", sachant que les relations sexuelles hors mariage sont taboues en Tunisie, a dénoncé l’une des l'avocates. "Il ne manque plus [à la défense, NDLR] que de la traiter de traînée", a fulminé Me Radhia Nasraoui.

"Quand je réclame justice, on m'insulte", a lancé Meriem, visiblement bouleversée. Avant l'audience, la jeune femme avait dit à l'AFP ne pas être très optimiste sur l'issue du procès."Qu'on en finisse avec cette histoire. Mais je ne lâcherai pas, quel que soit le verdict", avait-elle affirmé avec détermination aux côtés de son fiancé, assurant ainsi qu'elle ferait appel si le tribunal se montrait clément à l'encontre des policiers.

Une dizaine de manifestants, dont Amina Sboui, ancien membre tunisien des Femen, sont venus lui manifester leur soutien devant le tribunal. "La société a été sévère avec Meriem. Je suis là pour soutenir Meriem et toute femme victime de viol. Toute personne ayant violé une femme doit être punie", a déclaré Amina à l'AFP, en encourageant les femmes victimes à porter plainte malgré les difficultés.

Meriem, âgée de 27 ans au moment des faits, a publié en France un livre racontant son histoire sous le titre "Coupable d'avoir été violée". Selon le rapport d'expertise psychologique joint au dossier et dont l'AFP a pu prendre connaissance, Meriem souffre de "dépression compliquant un état de stress post-traumatique".

"La plaignante présente des troubles anxieux, dépressifs, rencontre des problèmes d'adaptation, des troubles de la personnalité [...] directement liés aux faits subis", ajoute le rapport, précisant que ces troubles pouvaient durer des mois ou des années après un viol.

Avec AFP

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