Samedi à minuit est entrée en vigueur la très attendue "loi d'égalité", légalisant le mariage homosexuel en Angleterre et au Pays de Galles. De nombreux couples de même sexe se sont dit oui aussitôt après minuit.
Depuis samedi minuit, les couples homosexuels peuvent se marier en Angleterre et au Pays de Galles. La très attendue "loi d'égalité" est en effet entrée en vigeur samedi 29 mars, légalisant le mariage homosexuel.
Des premiers mariages entre gays ou lesbiennes ont aussitôt été célébrés, dans l'espoir d'être le premier couple à dire "oui", un moment qualifié d'"important pour le pays" par le Premier ministre britannique David Cameron.
À Brighton (sud de l'Angleterre), Neil Allard et Andrew Wale (photo) ont été parmi les premiers, dans les minutes après minuit, à se passer la bague au doigt.
Vêtus de costumes trois-pièces agrémentés de cols en velours et de fleurs blanches à la boutonnière, Neil et Andrew, en couple depuis sept ans, se sont étreints et embrassés après être devenus "mari et mari".
Une réforme symbolique
Beaucoup d'autres couples comptent se dire "oui" pendant le week-end.
Cette réforme, à laquelle les défenseurs des droits homosexuels sont très attachés, est avant tout symbolique, les couples homosexuels bénéficiant déjà des mêmes droits parentaux que les couples hétérosexuels : ils peuvent adopter, recourir à la procréation médicalement assistée et à une mère porteuse, pourvu qu'elle ne soit pas rémunérée. Ils peuvent également s'unir depuis 2005 dans le cadre d'un partenariat civil.
"Pour le dire simplement, ça n'aura plus d'importance en Grande-Bretagne si vous êtes hétérosexuel ou homosexuel - l'État reconnaîtra votre relation de la même manière", a déclaré David Cameron au sujet de cette loi.
Contrairement à la France où d'immenses manifestations se sont succédé contre le mariage pour tous, le projet de loi britannique, approuvé en juillet 2013 au Parlement, n'a suscité quasiment aucun remous dans l'opinion publique, majoritairement favorable à la réforme.
Un sondage, publié vendredi et réalisé pour BBC Radio 5 auprès de 1 007 Britanniques, montre néanmoins que 22 % des sondés refuseraient une invitation à un mariage gay, même si 68 % sont favorables à cette réforme. Il suggère également que les femmes (75 %) et les jeunes (80 % des 18-34 ans) soutiennent davantage le mariage homosexuel que les hommes (61 %) et les plus de 65 ans (44 %).
L'Église anglicane conteste la loi, mais ne mène plus campagne contre elle
La réforme a déchiré le parti conservateur tandis que l'Église anglicane d'Angleterre, majoritaire dans le pays, l'a également contesté.
Elle a exclu mi-février la bénédiction de mariages homosexuels ainsi que la possibilité pour les membres du clergé de se marier avec une personne du même sexe.
Cependant, l'archevêque de Cantorbéry Justin Welby, chef spirituel des 80 millions d'anglicans dans le monde, a indiqué jeudi que l'Église ne mènerait plus campagne contre le mariage de couples de même sexe.
"Je pense que l'Église a réagi en acceptant totalement l'idée que c'est dorénavant la loi, et doit réagir samedi en continuant à démontrer, dans la parole et les actes, l'amour du Christ pour tous les êtres humains", a-t-il déclaré au journal "The Guardian".
L'évêque de Buckingham (nord-ouest), plusieurs évêques anglicans à la retraite ainsi que plusieurs rabbins se sont "réjouis qu'à partir de demain, les couples de même sexe puissent se marier en Angleterre et au Pays de Galles", dans une lettre ouverte.
Si les premières cérémonies sont autorisées à partir de samedi 00H01, les mariages homosexuels scellés dans d'autres pays sont validables en Angleterre et au Pays de Galles depuis le 14 mars.
En Écosse, qui bénéficie de pouvoirs décentralisés, le mariage homosexuel devrait devenir légal dans le courant de l'année, tandis que l'Irlande du Nord demeure profondément divisée sur le sujet, et ne prévoit pas de modifier la loi.
Avec AFP