Un enfant de 10 ans a été grièvement blessé mardi par la police lors d’une manifestation dans le sud-est de la Turquie. Il s’agit du second cas de bavure de la police turque depuis la mort de Berkine Elvan, décédé le 21 mars à l'âge de 15 ans.
Mehmet Ezer, un enfant âgé de 10 ans, a été grièvement blessé mardi 25 mars lors d’affrontements entre des manifestants du parti Paix et Démocratie (BDP) et la police, dans la province du sud-est de Diyarbakır, en Turquie. Le garçon a été victime d’une grenade lacrymogène tirée par la police, rapporte l'agence de presse semi-officielle Anatolia news agency.
Alors que les membres du BDP étaient rassemblés sur la place Azizoglu dans le quartier Silvan, un groupe d’individus revêtu de cagoules s’est mis à jeter des pierres et tirer des feux d’artifice sur les forces de l’ordre. Ces dernières ont aussitôt répliqué à grand renfort de canons à eau et de gaz lacrymogènes sur les manifestants masqués, touchant au passage la tête du garçon, raportent des témoins.
Symbole de la violence de la police turque
L’affaire rappelle étrangement celle de Berkine Elvan, un adolescent de 14 ans abattu par un tir de grenade lacrymogène lors des mouvements protestataires de juin 2013 autour du parc Gezi. Le jeune homme décédé le 11 mars 2014 après avoir passé 269 jours dans le coma, est devenu le symbole de la violence de la police en Turquie.
Mehmet Ezer n’en est pas là. Mercredi 26 mars, les médecins ont annoncé que son état de santé montrait des signes d’amélioration. L’équipe médicale est en effet venue à bout de l’hémorragie provoquée par la blessure qui aurait pu être mortelle, faute de soins. Le jeune patient, qui a repris conscience, reste toutefois sous étroite surveillance médicale dans une unité de soins intensifs.
Quand les politiques s’emparent de l’affaire
De nombreux responsables politiques locaux se sont rendus au chevet du blessé transféré à l'hôpital de l'Université Dicle de Diyarbakir. Leyla Zana, député indépendante de Diyarbakır, est elle aussi venue constater les blessures de l’enfant. La politicienne a assuré, à l’issue de sa visite, qu’elle avait eu une conversation téléphonique avec le ministre l'Intérieur Efkan Ala. Ce dernier lui aurait indiqué qu’une enquête était en cours.
L’affaire est enfin remontée jusqu’aux plus hautes autorités de l’État. Le gouverneur de la province de Diyarbakır, Mustafa Cahit Kıraç, et le ministre de l’Agriculture, Mehdi Eker, ont à leur tour rencontré la famille de Mehmet Ezer mercredi matin. Au cours de l’échange, les parents du garçon ont exigé que les coupables soient retrouvés.
De son côté, Kıraç s’en est pris à la famille, l’accusant d’avoir manqué à son devoir de protection, a rapporté Faruk Ayyıldız, journaliste au "Daily Evrensel". Un argument repris dans un tweet d’Umut Oran, vice-président du Parti républicain du peuple (CHP), le principal parti d'opposition.