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Le candidat de gauche, Sanchez Ceren, qui a "lutté toute sa vie" pour les pauvres, a remporté l'élection présidentielle du 9 mars au Salvador. Il devient le premier chef d’État du pays à être issu de la guérilla.

Sanchez Ceren, candidat du Front Farabundo Marti de libération nationale (FMLN, gauche au pouvoir), a remporté l'élection présidentielle du 9 mars au Salvador, devenant le premier ex-guérillero à accéder à la tête de ce pays d’Amérique latine. Avec 50,11 % des voix, l'ancien combattant devance son adversaire le candidat de droite Norman Quijano (Arena), crédité, lui, de 49,89 % des suffrages, a confirmé, jeudi 13 mars, le Tribunal suprême électoral (TSE).

Le tribunal doit cependant encore examiner le recours en annulation déposé par l'opposition, et d'éventuels autres recours, et ne pourra donc proclamer officiellement le vainqueur qu'en début de semaine prochaine.

Un commandant "peu enclin à la plaisanterie"

Les présidents issus de guérillas en Amérique Latine
  • Sanchez Ceren, Salvador
  • Daniel Ortega, Nicaragua
  • Jose Mujica, Uruguay
  • Dilma Rousseff, Brésil

Âgé de 69 ans, Ceren accède donc aujourd’hui à la plus haute fonction de l’État. Originaire de la région déshéritée du sud du pays, Libertad, ce professeur de formation s’était illustré, dans sa jeunesse, en tant que militant syndical.

En 1970, il embrasse l’idéologie marxiste et rejoint les rangs de la guérilla. En 1980, début de la guerre civile dans le pays, il participe à la création du FMLN, qui s'engage dans la lutte armée contre le gouvernement. Il y gravit rapidement les échelons pour devenir l’un des cinq commandants du comité central, dirigeant le front de la zone nord, proche de la frontière hondurienne. Juan Garcia, un milicien l'ayant accompagné durant cette période, décrit Sanchez Ceren, alias "Leonel Gonzales", comme une personne "ordonnée, sérieuse, solidaire, prudente et peu encline à la plaisanterie".

Ces responsabilités d’alors font de lui l’un des personnages clé des négociations qui ont abouti aux accords de paix avec le pouvoir militaire, en 1992, mettant fin au conflit qui a fait quelque 75 000 morts.

Rôle politique influent

L’homme, adepte des discours enflammés, effectue ensuite un sérieux virage, endossant alors le costume d’homme politique, et est élu député en 2000. En 2009, lorsque le Front vient à bout du parti Arena, après 20 ans de règne, et accède enfin au pouvoir, c’est Mauricio Funes, un journaliste, qui devient président. Son arrivée à la tête de l’État est alors vue comme une preuve d’ouverture de la part du FMLN. Ceren, lui, écope de la vice-présidence et du ministère de l’Éducation, postes qu’il conservera pendant cinq ans. De nombreux observateurs lui prêtent alors une grande influence au sein du gouvernement. Il acquiert notamment une forte popularité en lançant de nombreux projets sociaux tels que les "paquets scolaires", trousseaux de vêtements, chaussures et matériel scolaire offerts aux écoliers.

Son élection, aujourd’hui, est davantage vue comme le symbole d’une réelle reconversion politique de l’ancienne rébellion. Pourtant, Sanchez Ceren affiche son intention de s’inscrire dans le sillage de son prédécesseur : lors de sa campagne, il a notamment fait la promesse d’approfondir les programmes sociaux initiés par l’ex-gouvernement, qui sont parvenus à faire diminuer de presque six points le taux de pauvreté du Salvador. Une suite logique pour ce père de quatre enfants, qui l’affiche fièrement, un sourire avenant aux lèvres : toute sa vie, il s’est battu pour les pauvres. Ces derniers représentent toujours 40 % de la population de ce petit pays.