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Écoutes de Sarkozy : "Je n'ai pas menti", se défend Christiane Taubira

Face aux critiques, la ministre de la Justice Christiane Taubira a affirmé qu'elle n'avait pas menti à propos de sa connaissance des écoutes de Nicolas Sarkozy. Elle a assuré qu'elle ne démissionnerait pas comme le réclame l'opposition.

Christiane Taubira fait front. La ministre de la Justice a déclaré, mercredi 12 mars, qu'elle ne démissionnerait pas de son poste, comme le demande l'opposition, puisqu'elle n'a pas menti au sujet de sa connaissance des écoutes de Nicolas Sarkozy.

Le président de l'UMP, Jean-François Copé, a réclamé mercredi la démission de la ministre après que Jean-Marc Ayrault a reconnu mardi qu'elle avait eu connaissance de la réalité des écoutes dès le 26 février, lors de l'ouverture d'une information judiciaire mais pas de leur contenu. La garde des Sceaux avait pourtant affirmé lundi à plusieures reprises qu'elle avait appris l'information dans un article du Monde vendredi dernier.

"Non je n'ai pas menti", a-t-elle rétorqué en prenant la parole lors du compte-rendu du Conseil des ministres habituellement orchestré par la porte-parole du gouvernement. "Non je ne démissionnerai pas", a-t-elle ajouté. "Je n'ai pas (eu) et je n'ai toujours pas d'information concernant la date, la durée, le contenu des interceptions judiciaires." Elle a également assuré qu'elle n'avait pas informé le chef de l'État de l'existence de ces écoutes.

Peu après ses déclarations, le chef du gouvernement a apporté son soutien à la garde des Sceaux, estimant qu'elle "a sa place au gouvernement".

Les juges ont placé l'ex-président sur écoute il y a près d'un an dans le cadre d'une enquête sur d'éventuels financements par la Libye de sa campagne présidentielle de 2007, selon Le Monde. Ces écoutes ont donné lieu à l'ouverture d'une information judiciaire le 26 février dernier pour trafic d'influence.

Le gouvernement dans l'embarras

Avec cette affaire, le gouvernement s'est retrouvé dans l'embarras, tant et si bien que le chef du gouvernement a dû apporter des clarifications. Interrogé sur le plateau du 20h de France 2, mardi 11 mars, Jean-Marc Ayrault a reconnu que l'exécutif, et notamment la ministre de la Justice et lui-même avaient été informés du placement sur écoutes de Nicolas Sarkozy, sans en connaître le contenu depuis le 26 février, contredisant Christiane Taubira.

Un autre élément est venu mercredi également confondre la garde des Sceaux. Le procureur général de Paris, François Falletti, a confirmé à la radio Europe1 avoir informé la Chancellerie le 26 février.

Dans son édition de mercredi, Le Canard enchaîné affirme également que Christiane Taubira disposait dès le 26 février d'informations sur ces écoutes, alors qu'elle a assuré n'en avoir pris connaissance que par la presse. Le Canard ajoute que Manuel Valls était lui aussi au courant du dossier avant même Mme Taubira, les officiers de police judiciaire devant "lui faire parvenir régulièrement leur rapport sur l'avancement de l'enquête".

Colère de la droite

L'affaire qui éclate à une quinzaine de jours des municipales, suscite l'ire de la droite, qui demande à François Hollande de "s'expliquer devant les Français". "Trop, c'est trop, cette affaire est en train de revêtir une exceptionnelle gravité, c'est l'Etat de droit qui est désormais en cause", a ainsi estimé dans un communiqué le chef de l'UMP Jean-François Copé, évoquant une "affaire d'État qui s'apparente à un véritable espionnage politique".

Mais dans une lettre au président de l'Union syndicale de la magistrature (USM), Christophe Régnard, le chef de l'Etat écarte cette possibilité déclarant qu'il ne lui appartient pas "en vertu du principe de la séparation des pouvoirs, de s'immiscer d'une quelconque manière dans une affaire judiciaire en cours".

Avec AFP et Reuters