
L'annonce de la mort mardi d'un adolescent turc de 15 ans, grièvement blessé lors de la fronde antigouvernementale de juin dernier, a provoqué des rassemblements de protestation dans toute la Turquie et des incidents avec la police.
À trois semaines des élections municipales du 30 mars, la nouvelle tombe au plus mal pour le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, déjà affaiblit par une affaire de corruption. Un adolescent de 15 ans, touché par une grenade lacrymogène à Istanbul lors de la fronde anti-gouvernementale en juin dernier, est décédé mardi matin à l'hôpital d'Istanbul.
Berkin Elvan, alors âgé de 14 ans, avait été touché à la tête par une cartouche de gaz lacrymogène lors des batailles de rue alors qu'il était sorti acheter du pain pour sa famille. Il était tombé dans le coma.
L’annonce de la mort de Berkin Elvan, qui avait été érigé en symbole de la répression policière ordonnée par le pouvoir, a été suivie par des rassemblements de protestation dans toute la Turquie.
Le Premier ministre Erdogan "a pris mon fils"
Dès l'annonce de la nouvelle par la famille du défunt, des centaines de personnes se sont rassemblées spontanément devant l'hôpital d'Istanbul où l'adolescent était hospitalisé depuis 269 jours.
Devant la presse, la mère de Berkin Elvan a nommément mis en cause Recep Tayyip Erdogan. "Ce n'est pas Dieu, mais le Premier ministre Erdogan qui m'a pris mon fils", a-t-elle déclaré en pleurs.
De brefs mais violents incidents ont éclaté lorsque quelques dizaines de manifestants ont jeté des pierres sur un bus de policiers. Les forces de l'ordre ont répliqué en faisant usage de grenades lacrymogènes pour disperser la foule, selon un photographe de l'AFP.
"État meurtrier", "Berkin est partout, résistance!" ou encore "Épaule contre épaule contre le fascisme", a scandé la foule rassemblée.
"Il reste immortel"
Dans la foulée, des dizaines de rassemblements spontanés et souvent formés de lycéens et d'étudiants, se sont tenus dans de nombreuses villes du pays, que ce soit à Ankara, à Istanbul, à Izmir ou encore à Antalya. Les manifestants se contentant de rendre hommage en silence à la victime, en se recueillant autour de sa photo et d'un même slogan "il reste immortel".
Toutefois, dans la capitale Ankara, des étudiants de l'université technique du Moyen-Orient (ÖDTU), un des bastions de l'opposition, ont bloqué une des rues du centre-ville. Les policiers antiémeute sont intervenus avec des canons à eau pour disperser la foule, a constaté un photographe de l'AFP.
Depuis, de nombreux appels à manifester en fin de journée ont été relayés sur les réseaux sociaux. Un rassemblement et une marche à la mémoire du jeune homme sont prévus mercredi.
Côté politique, le chef de l'Etat, Abdullah Gül, a exprimé sa "consternation" après la mort du jeune homme et présenté ses condoléances à sa famille. Il a aussi appelé "chacun à tout faire pour éviter que cela se reproduise".
Berkin Elvan est la sixième personne à décéder dans les violences liées à la contestation des mois de mai et juin 2013.
Avec AFP et Reuters