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Trois ans après Fukushima, quelle politique énergétique pour le Japon ?

Le Japon commémore, mardi, les trois ans de l'accident nucléaire de Fukushima. À ce jour, les 48 réacteurs nucléaires que compte le pays sont toujours à l'arrêt. Mais le Premier ministre, Shinzo Abe, est fermement décidé à les redémarrer. Face à lui, les militants antinucléaires ne désarment pas.

Foules compactes, néons colorés et écrans géants... Tokyo, la capitale japonaise, reste une ville électrique et toute en lumières, même si les réacteurs nucléaires sont à l'arrêt depuis la catastrophe de la centrale de Fukushima, consécutive au séisme et au tsunami du 11 mars 2011. C'est à se demander si le pays a vraiment besoin de l'atome pour fonctionner…

"On n'a pas besoin du nucléaire. On arrive très bien à vivre sans, on a assez d'électricité. Aujourd'hui, on veut dire qu'on peut très bien s'en sortir si on développe les énergies renouvelables", assure Hideko Kihara, militante antinucléaire de 63 ans. Selon un sondage du quotidien "Tokyo Shimbun", 65 % des Japonais veulent sortir définitivement du nucléaire. Un chiffre qui pousse les militants à poursuivre la lutte.

Dimanche 9 mars, pour marquer les trois ans de l'accident de Fukushima, 30 000 personnes ont battu le pavé autour du Parlement japonais pour dire "non" au redémarrage des centrales nucléaires. L'ennemi déclaré des manifestants : le Premier ministre conservateur Shinzo Abe, qui veut relancer les réacteurs au plus vite.

Coût démentiel des hydrocarbures

Dans son projet énergétique dévoilé en février, le gouvernement présente le nucléaire comme une source d'électricité clé pour le Japon. Une position qu’il justifie par le coût démentiel des hydrocarbures, que le pays doit désormais importer pour faire tourner ses centrales thermiques.

"Sans les centrales nucléaires qui représentaient entre 27 % et 30 % du total de la production d'électricité, le Japon a besoin, à court et moyen terme, d'importer de plus en plus d'énergies fossiles, qui sont chères et cela crée des problèmes économiques, indique Paul Scalise, chercheur à l'université Temple de Tokyo.
Et enfin, sans énergie nucléaire, il est encore plus difficile de respecter les accords de Kyoto, en terme de réduction des émissions de CO2."

Les émissions de gaz à effet de serre, le gouvernement veut les limiter en misant également sur les énergies renouvelables. La vitrine de cette politique verte : une éolienne flottante de 2 mégawatts. C'est la première d'une ferme offshore de 143 éoliennes. Installée au large de Fukushima à seulement 50 kilomètres de la centrale nucléaire accidentée, l'éolienne symbolise une nouvelle ère pour la région dévastée.

"Ce projet est un moyen pour la préfecture de Fukushima de surmonter la catastrophe et de revitaliser l'industrie. C'est pour cela que le gouvernement a financé ce projet", précise Teruko Suyama, représentante de l'agence pour l'énergie, qui dépend du ministère de l'Économie.

Les énergies vertes à la peine

Mais derrière la façade, les énergies solaires et éoliennes peinent à décoller au Japon. Malgré les incitations du gouvernement, elles ne représentent toujours que 1,6 % de la production d'électricité du pays.

"Grâce à la mise en place de tarifs de rachat avantageux des énergies renouvelables, on a vu apparaître des parcs géants de panneaux solaires depuis trois ans. Mais si on considère la vue d'ensemble, la part des énergies renouvelables n'a pas augmenté", détaille Teruko Suyama.

Toujours peu d'énergies renouvelables et des incertitudes quant au redémarrage des centrales nucléaires… Trois ans après la catastrophe de Fukushima, le Japon a toujours du mal à décider d'une politique énergétique.

Retrouvez le webdoc que nous avions consacré à Fukushima un an après la catastrophe :