logo

Après avoir intercepté une conversation téléphonique entre l'ancien président Nicolas Sarkozy et son avocat, la justice soupçonne un haut magistrat de la Cour de cassation de renseigner l'ex-président français sur l'affaire Bettencourt.

Thierry Herzog, l'avocat de Nicolas Sarkozy, dénonce, vendredi 7 mars, une affaire "montée de toutes pièces" après la publication par "Le Monde" d'un article indiquant que l'ancien président est soupçonné de trafic d'influence auprès d’un haut magistrat.

Le journal ajoute que l'ancien chef de l'État a été placé sur écoute à la demande des juges, qui enquêtent, depuis avril 2013, sur les accusations de financement de sa campagne présidentielle de 2007 par la Libye de Mouammar Kadhafi. Lors de l'une des conversations téléphoniques interceptées, Nicolas Sarkozy et Thierry Herzog évoquent un haut magistrat du parquet général de la Cour de cassation, Gilbert Azibert.

Il y est question, selon "Le Monde", de le solliciter pour se renseigner sur une procédure en cours devant la Cour de cassation en lien avec l'affaire Bettencourt. Le 11 mars, la Cour doit dire si elle valide la procédure Bettencourt, notamment la saisie des agendas de l'ancien locataire de l’Élysée.

Violation du secret de l'instruction

"Il n'y a eu aucun trafic d'influence, se défend Thierry Herzog dans un entretien au quotidien, vendredi. Je constate qu'on a monté une affaire artificiellement." L'avocat, qui dénonce un "scandale d'État", rappelle que le magistrat en question exerce ses fonctions au sein d'une chambre civile de la Cour de cassation et non de la chambre criminelle compétente dans l'affaire Bettencourt.

"S'il n'est pas directement lié à la procédure Bettencourt, puisqu'il s'occupe de dossiers civils, Monsieur Azibert a accès au service intranet de la haute juridiction", écrit toutefois "Le Monde".

Scandale d'État

De son côté, le Parti socialiste a vivement réagi, estimant qu'il y aurait un "scandale d'État" s'il était avéré que Nicolas Sarkozy et son avocat s'étaient rendu coupables de trafic d'influence comme le soupçonne la justice. "Si les faits" évoqués dans "Le Monde" "étaient avérés, ce serait un véritable scandale d'État", a déclaré le Premier secrétaire du PS Harlem Désir.

Pour sa part, David Assouline, porte-parole du PS, estime qu'"en une semaine, l'UMP aura tout de même infligé aux Français une série de blessures démocratiques, que ce soit avec l'affaire Copé ou l'affaire Buisson". "Plongée depuis deux ans dans des règlements de comptes terribles, la droite nous offre un spectacle affligeant, qui ne servira que les adversaires de la République", ajoute-t-il, appelant néanmoins à la retenue l'instruction judiciaire étant en cours.

Quant au Front national il n'a pas manqué de réagir. Sa présidente Marine Le Pen a estimé, vendredi, que les scandales à répétition de l'UMP commençaient "à sentir beaucoup le soufre". "Les enquêtes doivent se faire mais les libertés publiques doivent aussi être préservées", a-t-elle souligné.

"C'est monstrueux"

Le 26 février dernier, le nouveau parquet national financier a ouvert une information judiciaire contre X pour violation du secret de l'instruction et trafic d'influence en marge de l'affaire Bettencourt.

Des perquisitions ont été menées mardi 4 mars chez Thierry Herzog et Gilbert Azibert dans cette affaire. À ce jour, personne n'a été placé en garde à vue ni mis en examen et l'instruction se poursuit, souligne une source judiciaire.

Thierry Herzog, qui dit avoir soupçonné le placement de son client sur écoute, dénonce une "violation monumentale des droits de la défense". "Ce n'est même pas scandaleux, c'est monstrueux, dit-il. Je démontrerai le moment venu qu'il s'agit d'une affaire politique."

Avec AFP et Reuters