Le président algérien s’est exprimé dimanche via son ministre de la Justice pour appeler les Algériens à voter “massivement” lors de la présidentielle en avril. La veille, des manifestations contre sa candidature ont été durement réprimées.
Au lendemain d’une manifestation sévèrement réprimée à Alger, le président Abdelaziz Bouteflika enfonce le clou. Dans un message lu en son nom, dimanche 2 mars, par le ministre de la Justice, Tayeb Louh, le chef de l’État algérien, qui brigue un quatrième mandat, appelle tous ses concitoyens à voter “massivement” afin de faire du scrutin présidentiel du 17 avril prochain “une véritable fête pour l'Algérie.”
Ce message constitue une réponse directe à ses opposants qui dénoncent farouchement sa candidature. Samedi, à Alger, plusieurs dizaines de manifestants rassemblés aux abords de la faculté de la capitale pour un sit-in ont été dispersés dans la violence et plusieurs personnes, dont des journalistes, arrêtées. D’autres manifestations ont eu lieu à travers le pays mais également à Paris, devant l’ambassade d’Algérie.
“Le peuple algérien donnera, comme de coutume, une leçon de citoyenneté à ceux qui veulent nuire à notre chère patrie”, a ajouté Abdelaziz Bouteflika alors que nombre de ses opposants comptent boycotter le scrutin et redoutent déjà des fraudes. Voter “fera taire tous ceux qui doutent de la maturité politique [de l’Algérie] et de sa capacité à préserver ses acquis, sa sécurité et sa stabilité”, a-t-il également affirmé.
Faire tomber le régime “dans le calme”
Jeudi, un ancien chef de gouvernement, Mouloud Hamrouche, a appelé à faire tomber le régime du président Bouteflika "dans le calme", avec l'aide de l'armée, estimant qu'il n'était plus en mesure de diriger le pays. Figure majeure de l'opposition, Saïd Sadi, l'ex-président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), avait, pour sa part, appelé mardi à la mobilisation pour "discréditer ce scrutin, de sorte à laisser l'actuel président candidat à sa propre succession se concurrencer lui-même".
À bientôt 77 ans, le président Bouteflika, au pouvoir depuis 1999, a annoncé qu’il se présenterait à sa propre succession le 22 février dernier, malgré des problèmes de santé qui alimentent les doutes sur sa capacité à diriger le pays. Hospitalisé durant 80 jours en France au printemps dernier après un AVC, sa dernière allocution en public remonte à mai 2012 à Sétif, où il avait laissé entendre qu’il fallait laisser la place aux jeunes générations. La campagne présidentielle doit débuter le 23 mars.
Avec AFP et Reuters