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L'Union européenne salue la libération de Timochenko mais reste inquiète

Après la destitution du président Viktor Ianoukovitch et la libération de l'opposante Ioulia Timochenko, les réactions internationales se multiplient. Si la Russie s'indigne, l'UE oscille entre soulagement et inquiétude.

La destitution du président ukrainien Viktor Ianoukovitch et la libération de l'opposante Ioulia Timochenko, acclamée par ses partisans sur le Maïdan à Kiev, a suscité de nombreuses réactions.

L'espoir de sortie de crise de l'Ukraine est douché par l'inquiétude croissante de la communauté internationale de voir ce pays de 46 millions d'habitants un peu plus divisé, entre l'est russophone et russophile, majoritaire, et l'ouest nationaliste et ukrainophone.

Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, tout en saluant "la libération de Ioulia Timochenko", a martelé que "la France, en lien avec ses partenaires européens, lance un appel à préserver l'unité et l'intégrité du pays ainsi qu'à s'abstenir de la violence".

Sur la même ligne, le Premier ministre polonais Donald Tusk, dont le pays partage plusieurs centaines de kilomètres de frontières avec l’Ukraine, a estimé samedi soir qu'il existait des forces menaçant l'intégrité territoriale ukrainienne, sans en préciser leur nature.

La représentante de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a pour sa part appelé les responsables politiques ukrainiens à agir "de manière responsable" pour maintenir l'"intégrité territoriale" et l'"unité" du pays.

La Maison Blanche a également salué la libération de Ioulia Timochenko et rappelé qu'il revenait aux Ukrainiens de "déterminer leur propre avenir".

"Il n'y a pas de coup d'État à Kiev"

La lecture des événements est logiquement différente à l’Est. La Russie a accusé l'opposition de ne pas avoir "rempli une seule des obligations" figurant dans l'accord signé vendredi avec le président Ianoukovitch et dénoncé "les extrémistes armés et les pillards, dont les actes constituent une menace directe (pesant) sur la souveraineté de l'Ukraine".

À Kharkiv, ville de l'est du pays, des responsables locaux des régions pro-russes ont remis en cause la "légitimité" du Parlement ukrainien, qui selon eux travaille actuellement "sous la menace des armes".

Des accusations récusées par l’Union européenne."Il n'y a pas de coup d'État à Kiev. Les bâtiments officiels ont été abandonnés. Le président du Parlement a été légitimement élu", a notamment twitté le ministre polonais des Affaires étrangères Radoslaw Sikorski, qui a participé cette semaine aux négociations entre opposition et pouvoir.

Une situation économique "épouvantable"

Reste que si l’Ukraine tend vers une stabilisation de sa situation politique, les défis qui s’annoncent sont immenses. Le pays se trouve notamment dans une situation économique qualifiée d’"épouvantable" par Laurent Fabius.

Sur ce point, le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a indiqué s'être entendu avec son homologue allemand pour faire pression pour le déblocage d'une "aide financière vitale du Fonds monétaire international".

D’autant que les récents événements devraient fortement remettre en cause la promesse par la Russie d'un crédit de 15 milliards de dollars, dont seuls 3 ont été versés pour l'instant, et d'un important rabais du prix du gaz. Pour l’heure, les Européens ont promis une assistance financière beaucoup plus modeste, d'environ 610 millions d'euros.

Avec AFP