
Entrée en vigueur le 17 février au Danemark, une loi oblige à étourdir les animaux avant de les abattre, interdisant de facto les abattages selon les traditions juives et musulmanes. Une mesure qui fait polémique au-delà des frontières danoises.
"Le droit des animaux doit primer sur la religion". C’est en ces termes que le ministre danois de l’Agriculture, Dan Jorgensen, a défendu le texte de loi qui oblige, depuis le 17 février, à étourdir les animaux avant de les abattre pour consommation. Cette loi entrave de facto les abattages rituels juifs et musulmans, qui, selon les préceptes de la halacha et de la charia, requièrent la conscience des animaux au moment de la mise à mort.
Le Danemark s’aligne ainsi sur les textes européens qui préconisent – mais n'imposent pas et autorisent l'exception à titre religieux - que les bêtes soient étourdies avant d'être égorgées. L’abattage rituel est d'ores et déjà interdit en Pologne, au Lichtenstein, en Islande, Norvège, Suède et en Suisse.
Anticipant la polémique, Dan Jorgensen a précisé que "l’abattage halal demeure légal au Danemark, tant que l’animal est d’abord assommé" et que les importations d’animaux abattus sans assommage demeurent autorisées. Mais cela n'a pas suffi à apaiser les communautés juives et musulmanes.
Les communautés religieuses dénoncent une atteinte à la liberté de culte
Si la mesure danoise est une victoire pour les défenseurs des animaux, qui dénoncent des pratiques cruelles – Brigitte Bardot a d’ailleurs bondi sur l’occasion pour réclamer la même interdiction à François Hollande – elle a soulevé la colère des juifs et des musulmans qui dénoncent une atteinte au droit religieux.
Une pétition a été lancée en ligne au Danemark pour dénoncer l’ingérence du gouvernement sur la liberté de culte. Au-delà des frontières du royaume, la polémique a trouvé écho auprès de représentants juifs européens. "Cette attaque contre une pratique religieuse juive au Danemark remet en cause la continuité de la vie communautaire dans le pays et fait écho avec les attaques persistantes contre la circoncision en Europe", a déclaré Moshe Kantor, président du Congrès juif européen.
Une position qui n’est pas soutenue par la communauté juive danoise. Dans une interview accordée au "Jerusalem Post", son leader, Finn Schwartz, a insisté sur les relations "parfaites" qui lient le Danemark et la communauté juive, même s’il souligne qu’interdire l’abattage rituel, sans être passé par le Parlement, demeure, à ses yeux, "problématique".
Une loi qui n’a que peu d’impact
Interrogé par Al-Jazeera, Khalil Jaffar, un imam du centre culturel islamique danois, a, de son côté, relativisé l’impact de la loi dans la mesure où les représentants musulmans danois avaient déjà décrété que les animaux assommés avant d’être abattus étaient halal. Les abattoirs doivent simplement s’assurer que les animaux, quoique assommés, sont toujours vivant au moment d’être égorgés. Le procédé est admis par certains leaders religieux tant que le contrôle demeure strict.
Du côté de la communauté juive danoise, l’impact est faible aussi : ses 6000 membres importent l'intégralité de la viande cacher depuis 10 ans .