![Centrafrique : les anti-balaka défient la présidente Samba-Panza Centrafrique : les anti-balaka défient la présidente Samba-Panza](/data/posts/2022/07/19/1658201660_Centrafrique-les-anti-balaka-defient-la-presidente-Samba-Panza.jpg)
Se montrant peu impressionnés par les menaces "d'aller en guerre" brandies la veille par la présidente centrafricaine, Catherine Samba-Panza, les miliciens anti-balaka ont mis en garde contre toute velléité de représailles à leur encontre.
"Déclarer la guerre aux anti-balaka, c'est déclarer la guerre à la population centrafricaine." Avec ces mots lâchés jeudi 13 février, Richard Bejouane, le chef d’état-major des anti-balaka, met en garde directement le sommet de l’État centrafricain. La veille, la présidente Catherine Samba-Panza avait promis d'"aller en guerre", avec l'appui des forces française et africaine, contre ces miliciens dont les crimes et les exactions - qualifiés de "nettoyage ethnique" par Amnesty International - font fuir les civils musulmans en masse.
"Les anti-balaka pensent que parce que je suis une femme, je suis faible. Mais ceux qui voudront tuer seront traqués", a déclaré Catherine Samba-Panza devant les habitants de la petite ville de Mbaïki, au sud-ouest de Bangui, lors d'une visite en compagnie du ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian. "Les anti-balaka ont perdu le sens de leur mission. Ce sont eux qui tuent, qui pillent, qui volent", a martelé la présidente.
Plus de 50 000 miliciens, selon les anti-balaka
Rassemblés dans leur fief du quartier de Boy-Rabe, dans le nord de la capitale, les chefs autoproclamés des anti-balaka se défendent d'être des "voyous". "Nous sommes prêts à être cantonnés", a affirmé Richard Bejouane. Il dit détenir "les listes des anti-balaka" qui seraient au nombre de 52 000 selon ses dires, dont 12 000 à Bangui. Le cantonnement est la première étape à l'intégration à un futur programme de Démobilisation, Désarmement, Réinsertion (DDR), avec à la clé une prise en charge financière, très recherchée dans un pays dévasté par une crise humanitaire sans précédent et parmi les plus pauvres du continent.
Une option inenvisageable pour l’armée française. "Les cantonner, ce serait leur donner une légitimité qu'ils n'ont pas, ce serait leur donner la possibilité de devenir une force qu'ils ne sont pas au service d'un sombre dessein", a indiqué, lundi, le commandant du contingent français, le général Francisco Soriano, après avoir qualifié les miliciens de "principaux ennemis de la paix" en Centrafrique.
Sur le terrain, la population - épuisée par bientôt un an de violences incessantes - notamment les Banguissois, continue d'entendre des tirs, bien souvent d'origine indéterminée. Une tension constante malgré la présence des troupes française Sangaris et africaine Misca.
Découverte d’une fausse commune
Les exactions passées continuent aussi d'être découvertes presque chaque jour. "Une fosse commune a été découverte dans un ancien camp Séléka situé près du camp Béal", a indiqué, jeudi à l'AFP, le procureur de la république de Bangui, Ghislain Grezenguet. "Plusieurs corps ont été découverts dans un ancien réservoir de carburant par des soldats de la Misca chargés de la surveillance du site. Ils ont été alertés par l'odeur nauséabonde sortant du réservoir". Sur place, un photographe de l'AFP a vu six cadavres.
Les milices anti-balaka, myriade de groupes formés à l'origine de paysans chrétiens de l'ouest de la Centrafrique pour se défendre contre les exactions des combattants majoritairement musulmans de la Séléka, sont devenues en quelques mois une nébuleuse qui se caractérise par des crimes visant les civils musulmans.
La coalition rebelle Séléka avait renversé le régime de François Bozizé en mars 2013, portant à la tête du pays son chef, Michel Djotodia, contraint à la démission le 10 janvier pour son incapacité à mettre fin aux tueries interreligieuses.
Avec AFP