À Istanbul, la police antiémeute a dispersé samedi des centaines de manifestants venus protester contre une loi contrôlant Internet. Adoptée par le parlement, cette législation est vue comme une nouvelle preuve de l'autoritarisme du gouvernement.
La police turque a dispersé, samedi 8 février à Istanbul, des centaines de manifestants qui protestaient, aux cris de "Ne touche pas à mon Internet", contre les nouvelles mesures renforçant le contrôle de l'État sur le Web. Utilisant gaz lacrymogènes et véhicules blindés équipés de canons à eau, les policiers antiémeute ont avancé sur la longue avenue Istiklal ("Indépendance") pour refouler les manifestants, qui étaient plus de 2 000, selon l’AFP. Cette avenue conduit à la place Taksim, emblématique de la fronde anti-gouvernementale de juin dernier.
Les manifestants ont lancé des pierres et des pétards sur les forces de l'ordre avant de s'égailler dans les petites rues voisines. "Partout la corruption !", scandaient certains d'entre eux.
Leur colère a été attisée par une série d’amendements adoptée mercredi soir par le parlement turc. Cette législation, qui doit encore être approuvée par le président Abdullah Gül, donne la permission à l'Autorité des télécommunications (TIB) de bloquer l'accès à une page dans un délai de quatre heures sans injonction judiciaire. Elle autorise également la TIB à requérir, auprès des fournisseurs d'accès, toute information sur les sites visités par un internaute et les conserver deux ans.
"L'une des dernières libertés qu’il nous reste, c'est Internet"
"Le fait que le gouvernement mette son nez dans les dossiers des internautes, c'est comme s'il mettait son nez dans notre vie privée", a réagi Gamze, étudiante et manifestante. Burak, un jeune protestataire, a pour sa part fustigé l'autoritarisme croissant du régime du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, aux rênes de la Turquie depuis 2002 : "L'une des dernières libertés qu’il nous reste c'est Internet, voilà ce qu'ils veulent restreindre".
Plus tôt dans la journée, Erdogan avait défendu avec véhémence cette loi, devant des milliers de partisans : "Il n'y a absolument aucune censure imposée sur l'Internet avec ces dispositions [...] Au contraire elles le rendent plus sûr, plus libre". Il a aussi nié que les informations personnelles des utilisateurs soient exposées au contrôle des autorités gouvernementales. "Jamais, pas question que les données privés des gens soient fichées", a-t-il déclaré.
Avec AFP et Reuters