logo

L'un des grands rendez-vous de la quinzaine olympique aura lieu dimanche avec la descente hommes. Pour cette épreuve reine, nombreux sont les prétendants au titre. Les Français, qui ont déjà créé la surprise aux JO, seront aussi en embuscade.

Depuis son apparition aux Jeux de Saint-Moritz en Suisse en 1948, la descente est considérée comme l’épreuve reine de la compétition hivernale. Très spectaculaire avec des vitesses de pointe à plus de 140 km/h, cette discipline exige un minimum de sang froid et un brin de folie. Dès 8 heures (heure française), dimanche 9 février, ils seront plusieurs à vouloir décrocher l’or de cette prestigieuse course sur la piste de Rosa Khoutor, près de Sotchi.

Tous les yeux seront notamment braqués sur la star de la descente, l’Américain Bode Miller. À 36 ans, il espère repartir de ses derniers JO en enrichissant son incroyable palmarès : cinq médailles olympiques, quatre titres de champion du monde. "Un skieur est une donnée périssable, je pense qu’il faut continuer jusqu’à ce qu’on soit pourri et ratatiné. Je suis pas mal ratatiné mais pas encore pourri", a-t-il déclaré. Après avoir été opéré du genou en 2012, le champion, qui a promis "de se bouger le cul à Sotchi", a réussi à retrouver sa forme en début d’année, comme l'attestent deux podiums en Super G et descente à Kitzbühel, en Autriche.

Malgré sa grande expérience, l’Américain devra se méfier de l'Autrichien Matthias Mayer, auteur du meilleur temps du deuxième entraînement, ainsi que du grand favori de l’épreuve, le Norvégien Aksel Lund Svindal, vainqueur de deux descentes et deux Super-G depuis le début de la saison en Coupe du monde. À 31 ans, celui que l’on surnomme le Viking est toujours assoiffé de victoires : "J’aime les grands championnats. Ce n’est pas juste la course mais la pression et toutes les ondes positives."

Une piste de descente très critiquée à Sotchi

Le skieur scandinave a toutefois tiré la sonnette d’alarme concernant la piste de descente masculine des Jeux de Sotchi. Après s’être entraîné vendredi, Aksel Lund Svindal a jugé que les bosses étaient à "la limite" du dangereux. "La longueur des sauts a sans aucun doute augmenté de dix à quinze mètres, je pense par rapport à hier", a-t-il affirmé. "Adrien Théaux n’est pas un mauvais skieur. Il est très athlétique. Il a failli sortir à deux reprises et il a fini sur les fesses”, a-t-il ajouté en faisant référence à l’un de ses adversaires français.

Le Norvégien n’est pas le premier à critiquer le tracé de Rosa Khoutor. Depuis plusieurs mois, cette piste, créée ex-nihilo pour les Jeux, est loin de faire l’unanimité. Interrogé par l’AFP, l’ancien champion français Luc Alphand a ainsi estimé qu’elle ressemblait plus à un Super-G : "La partie prise de risques, qu’on appelle gros cœur, ça doit exister en descente. Ici, il y a un gros saut, deux trois trucs… Mais la vraie partie qu’on appelle descente, ça n’existe pratiquement plus. Ici, c’est un vrai Super G qui tourne tout le long".

Le retraité des pistes, qui a remporté le classement de la Coupe du monde de descente à trois reprises (1995, 1996 et 1997), regrette même un véritable  changement de mentalité: "Il y a un esprit, certaines parties de vitesse que tu dois garder, des sauts que tu dois garder. La descente, l’esprit c’était ça : la prise de risques, une montagne, un parcours où tu dois aller le plus vite possible".

Le Français Johan Clarey a toutefois nuancé ces commentaires négatifs. Le skieur de la Clusaz ne tarit pas d’éloges sur cette descente : "Je la trouve mieux tracée qu’il y a deux ans [pour l’épreuve test des Jeux, NDLR]. Il y a le haut qui est encore très tournant mais la neige est tellement agréable à skier. […] Elle est complète, elle est physique."

Aux côtés des trois autres Français qualifiés pour la finale, Adrien Théaux, David Poisson et Guillermo Fayed, Johan Clarey espère bien jouer les trouble-fêtes dimanche. Avec les victoires de Henri Oreiller en 1948 à Saint- Moritz, de Jean Vuarnet en 1960 à Squaw Valley et de à Jean-Claude Killy en 1968 à Grenoble, les skieurs tricolores ont pris l’habitude de monter sur la plus haute marche du podium en descente. Plus récemment, en 1998, Jean-Luc Crétier avait créé la surprise à Nagano en surclassant ses adversaires. Six ans plus tard, c’est Antoine Dénériaz qui avait aussi décroché l’or à Turin en réussissant la plus belle course de sa carrière.

Avec AFP et Reuters