Comble de la provocation pour les Chinois et les Sud-Coréens : le Premier ministre nippon Shinzo Abe a prié, jeudi, au sanctuaire Yasukuni où sont honorés 2,5 millions de soldats morts pour le Japon, parmi lesquels 14 criminels de guerre.
Le Premier ministre japonais a prié, jeudi 26 décembre, au sanctuaire Yasukuni, qui rend hommage aux 2,5 millions de soldats morts pour le Japon, mais qui est perçu en Chine et en Corée du Sud comme le symbole de l'impérialisme et du bellicisme du pays du Soleil-Levant.
Vêtu d'un costume en queue de pie, Shinzo Abe a effectué une visite d’une dizaine de minutes dans ce lieu de culte shintoïste situé au cœur de Tokyo. Ce site souffre d'une image controversé à l'étranger depuis l'inscription en 1978 des noms de 14 criminels de guerre, condamnés par les Alliés après la fin de la Seconde guerre mondiale.
À sa sortie, Shinzo Abe, un conservateur aux convictions nationalistes, a déclaré avoir voulu montrer sa "détermination à ce que personne ne souffre à nouveau de la guerre". La dernière visite d’un chef de gouvernement japonais en exercice au Yasukuni datait du 15 août 2006, jour anniversaire de la capitulation du Japon en 1945. "J'espère avoir l'occasion d'expliquer à la Chine et à la Corée du Sud que le renforcement de nos relations est dans l'intérêt de nos pays", a ajouté le Premier ministre après sa visite.
Pékin et Séoul protestent
Mais sans surprise, l’initiative de Shinzo Abe a immédiatement provoqué la colère de Pékin et de Séoul, dont les relations avec le Japon restent marquées par les atrocités commises par les troupes nippones pendant la colonisation de la péninsule coréenne [1910-1945] et l'occupation partielle de la Chine [1931-1945].
Pékin a jugé cette visite " absolument inacceptable pour le peuple chinois", par la voix de Luo Zhaohui, directeur général des Affaires asiatiques du ministère chinois des Affaires étrangères. Ce dernier a ajouté que le Japon devra "en assumer les conséquences", estimant que ce geste faisait "beaucoup de mal" aux peuples d'Asie, bien que Shinzo Abe ait assuré ne pas avoir voulu "blesser les Chinois et les Sud-Coréens".
Selon l’agence japonaise Jiji, l'ambassadeur chinois à Tokyo aurait déposé une protestation officielle auprès des autorités nipponnes. L’irritation de Pékin était plus que prévisible tant les rapports avec Tokyo sont tendus depuis l'année dernière. Les deux puissances asiatiques se disputent la souveraineté sur un archipel inhabité en mer de Chine orientale, administré par le Japon sous le nom de Senkaku mais revendiqué avec force par la Chine qui les appelle Diaoyu.
De son côté, la Corée du Sud a exprimé jeudi sa "colère" et qualifié le geste du Premier ministre japonais de "comportement anachronique". "Nous ne pouvons pas nous empêcher de déplorer et d'exprimer notre colère à propos de la visite du Premier ministre au sanctuaire Yasukuni [...] malgré les inquiétudes et les mises en garde de ses voisins", a déclaré à la presse le ministre sud-coréen de la Culture, Yoo Jin-Ryong.
Avec la Corée du Sud, les relations du Japon ne sont pas au beau fixe non plus, également en raison d'un conflit territorial concernant les îles Dokdo-Takeshima, par conséquent Shinzo Abe n'a tenu aucun sommet avec les dirigeants chinois ou sud-coréens depuis son arrivée au pouvoir, il y a un an.
Avec AFP