
En Indonésie, Banda Aceh a été la ville la plus touchée par le tsunami du 26 décembre 2004. Neuf ans plus tard, Banda Aceh s’est reconstruite, grâce aux milliards de dollars d’aide humanitaire. La plupart des survivants ont refait leur vie et tentent de se remettre de ce traumatisme. Nos reporters les ont rencontrés.
La première surprise en descendant de l’avion à Banda Aceh est sans doute de découvrir que c’est un endroit magnifique. En roulant vers le centre-ville, nous apercevons des rizières et un relief volcanique recouvert de jungle, dont les pentes se terminent en plage de sable fin dans les eaux turquoises de l’océan Indien.
La ville elle-même est vivante et colorée. Il y a des parcs où flâner, d’innombrables échoppes bordent les rues où circulent des milliers de motos surchargées. Un joyeux chaos où la courtoisie l’emporte sur le code de la route. La gentillesse des habitants d’Aceh transpire dans tous les aspects de la vie. Tout est simple et plaisant. Partout, l’apparition de deux Occidentaux chargés de matériel de télévision suscite une curiosité bienveillante.
La terrible épreuve qu’ils ont surmontée a rendu les Achénais à la fois incroyablement résistants et ouverts d’esprit, mais les cicatrices profondes du traumatisme sont encore bien présentes. La vague tueuse de décembre 2004 a en effet laissé un champ de ruines parsemé de dizaines de milliers de cadavres. Lors des interviews, à chaque évocation du tsunami, l’émotion est palpable, les voix tremblent, les yeux s’embrument… Le souvenir est là, gravé à jamais dans les esprits. Tous ont une histoire insoutenable. Tous, ou presque, ont perdu des êtres chers et vu leur vie basculer en quelques secondes.
Punition divine
Pour autant, à l’image de Banda Aceh, les habitants se sont reconstruits, partout hommes et femmes travaillent, le coeur de la ville est très moderne, avec ses centres commerciaux et ses concessions automobiles. Internet est disponible gratuitement dans tous les cafés, les Achénais aiment dire de leur ville qu'elle est une "cyber city", une ville connectée.
Dans les rues, toutes les femmes sont voilées, mais travaillent et vivent exactement comme les hommes. Le voile est une obligation dans cette ville très pieuse, et tout écart peut être sanctionné par la police de la charia. Pour la plupart des Achénais, le tsunami est une punition divine et la charia, introduite avant la catastrophe en 2002, doit être appliquée.
Si l’imam de la grande mosquée de Banda Aceh espère un jour lapider les couples adultères et amputer les voleurs, il reste tout de même des espaces de liberté. À la plage, par exemple, les femmes ne sont pas obligées de se voiler.
C’est ce que nous explique Reisha Radhiah (photo), 21 ans, employée dans une nouvelle concession automobile qui vend des voitures japonaises, et première surfeuse de Banda Aceh. Elle et sa famille ont été épargnées par la vague, mais leur maison a été balayée. Reisha fait partie de la jeune génération de Banda Aceh, qui garde espoir et optimisme.