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Le satellite Gaia à la conquête de la Voie lactée

"Télescope spatial le plus évolué jamais réalisé en Europe", le satellite Gaia a été lancé jeudi et sera en orbite pour une durée de cinq ans. Sa mission : photographier un milliard d’étoiles afin de cartographier en 3D une partie de la Voie lactée.

Son nom fait référence à la déesse grecque de la Terre, mais ce sont les étoiles qu’il s’apprête à rejoindre. Jeudi 19 décembre au matin, le télescope spatial européen Gaia a été lancé depuis la Guyane à 1,5 million de kilomètres de la Terre, où il effectuera une mission de cinq ans.

Gaia en quelques chiffres

D'une masse de 2 tonnes, le télescope spatiale Gaia a un diamètre de 3,8 mètres pour une hauteur de 4,4 mètres. Il sera placé sur une orbite elliptique, pour une mission de 5 ans, mais ses consommables à bord, dont le carburant, sont toutefois dimensionnés pour 6 années de fonctionnement.

Pour accomplir à bien sa mission, le satellite européen part avec 3 appareils différents dans ses bagages : un instrument d'astrométrie, pour déterminer la position, le mouvement et la distance des étoiles ; un instrument de photométrie, pour mesurer l'éclat et la couleur des étoiles ; un spectromètre pour préciser le type de leur lumière.

Gaia enverra sa récolte de données quotidiennement sur Terre, pendant 8 heures chaque jour. La mission représentera un volume de l'ordre du pétaoctet de données, soit 1 million de milliards d'octets. 30 laboratoires et 450 personnes seront mobilisés en Europe, dont une centaine en France.

Le coût de la mission est évalué à 740 millions d'euros, auquel il faut ajouter celui du consortium en charge du traitement des données, le DPAC, estimé à environ 200 millions d'euros.

Avec AFP

Objectif : cartographier en 3D la Voie lactée. Les astronomes de l'Agence spatiale européenne (ESA), à l’initiative du projet, estiment que cet "arpenteur galactique" sera en mesure de détecter et photographier un milliard d'étoiles de notre galaxie, soit 1 % des astres qui la composent. L’appareil pourrait également ramener dans ses données la localisation de 300 000 astéroïdes, 1 000 à 2 000 céphéides, des étoiles géantes dont l'éclat varie de manière extrêmement régulière, près de 500 000 quasars, et encore 10 000 à 20 000 exoplanètes.

"Mieux comprendre notre place dans cet univers"

"Dans moins de deux ans, on aura un premier catalogue de tout le ciel", indique à l’AFP François Mignard, membre de l’Observatoire de la Côte d'Azur responsable de la participation française au programme européen. Gaia doit nous permettre "de mieux comprendre notre place dans cet univers", résume de son côté Catherine Turon, de l’Observatoire de Paris.

Gaia poursuivra ainsi la tradition européenne de cartographie des étoiles, héritage de l'astronome grec Hipparque, qui, le premier, mesura à l'œil nu la position d'un millier d'étoiles. En 1989, l'ESA avait lancé Hipparcos, un satellite consacré à l'astrométrie qui a permis de récolter les coordonnées célestes de quelque 120 000 étoiles.

Aujourd’hui, le cœur de la mission de Gaia consistera à déterminer la position et le mouvement des étoiles, mais également leur distance, le paramètre le plus difficile à obtenir. La plus proche d’entre elles est à une distance de près de 40 milliards de kilomètres.

"Télescope spatial le plus évolué jamais réalisé en Europe", comme l’affirme son constructeur Astrium, Gaia est cent fois plus précis que son prédécesseur Hipparcos. Son capteur photographique pourra "voir" des étoiles dont l'éclat est 400 000 fois plus faible que celles visibles à l'œil nu. Plus concrètement, sa précision est telle qu’il pourrait détecter un cheveu à 1 000 km de distance.

"Dans le monde du Big Data"

Grâce à Gaia, les astronomes entendent entrer "dans le monde du Big Data", souligne à l’AFP Véronique Valette, chef de projet Gaia au Centre national d'études spatiales (CNES). La mission va en effet représenter plus d'un pétaoctet de données à gérer, c'est-à-dire la capacité de 250 000 DVD. "Le traitement quotidien est probablement le défi le plus important", estime pour sa part François Mignard.

Six établissements, dont le Centre spatial de Toulouse, seront dévolus au traitement de ce flux continu de données, inutilisables à l'état brut et qu'il faudra rendre intelligibles. Pour relever ce défi, le CNES, qui effectuera 35 % à 40 % du traitement des données, s'est doté d'une puissance de calcul de 6 000 milliards d'opérations par seconde.

Avec AFP

Suivez en direct le lancement du satellite Gaia, jeudi 19 décembre à 10 h30 (heure de Paris), sur le site du CNES.