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L’université de Kiev sommée de dénoncer les étudiants qui manifestent

Les autorités ont exhorté l’université de Kiev à fournir "d’urgence" les noms des étudiants ayant participé aux manifestations pro-européennes. Selon le procureur général, les jeunes gens sont passibles de poursuites pour avoir "violé la loi".

Le bras de fer se durcit entre les manifestants pro-européens et les autorités ukrainiennes. Mercredi 4 décembre, l’université de Kiev a été sommée par la justice de fournir "en urgence" les noms des étudiants et professeurs absents des cours entre le 29 novembre et le 2 décembre, a révélé le quotidien en ligne "Ukraïnska Pravda". Le parquet général demande à la direction de l’université les noms des "instigateurs et militants qui ont appelé à participer à des actions de protestation de masse". Il demande également si "des mesures ont été prises pour interdire aux étudiants d'y participer et si oui lesquelles".

Selon le procureur général Viktor Pchonka, ces étudiants sont passibles de poursuites pour avoir "violé la loi" après avoir occupé la mairie de Kiev et le siège du gouvernement. "Ces agissements n'ont rien à voir avec des manifestations pacifiques. Ce sont des violations de la loi passibles de poursuites", souligne-t-il.

La police a violemment dispersé dans la nuit du 29 au 30 novembre une manifestation sur la place de l'Indépendance, haut lieu de la Révolution orange en 2004 qui a porté au pouvoir des pro-occidentaux. Les violences ont fait plusieurs dizaines de blessés, principalement des étudiants. Mais ces actions n'ont pas démotivé les protestataires, qui ne comptent pas partir du centre-ville.

"Décisions criminelles"

Ces rassemblements, sans précédent depuis la Révolution orange de 2004, ont été déclenchés par la volte-face du pouvoir qui a refusé, sous la pression de la Russie, de signer à la dernière minute l'accord d'association avec l'Union européenne en préparation depuis trois ans.

Le Premier ministre Mykola Azarov a lui aussi mis en garde l'opposition contre "l'escalade des tensions politiques" en estimant qu'il n'y a plus de raison de manifester. "Je veux dire aux gens: vos leaders vous poussent au crime. Ils vont se réfugier derrière leur immunité parlementaire et vous n'avez pas de moyen de vous protéger", a-t-il déclaré en ouvrant mercredi 4 décembre le Conseil des ministres, le premier depuis la mobilisation de l'opposition dans les rues de Kiev.

La veille, les arrestations avaient déjà commencé. Un tribunal de Kiev a placé en détention provisoire pour deux mois neuf personnes suspectées de troubles devant l'administration présidentielle, une décision dénoncée par l'opposition. "Ces neuf personnes, dont des journalistes, entrepreneurs et pères de famille nombreuse, ont été illégalement interpellées", a déclaré Arseni Iatseniouk, l'un des leaders de l'opposition, accusant les forces de l'ordre de "couvrir" ainsi les agissements illégaux des policiers.

Les épouses des suspects, interrogées par la télévision ukrainienne 1+1, ont déclaré, images vidéo à l'appui, que leurs maris n'avaient pas participé aux troubles mais avaient été tabassés par des policiers.

Avec AFP