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Zahir Belounis, de retour du Qatar, va porter plainte contre le frère de l’émir

Le footballeur franco-algérien Zahir Belounis, tout juste revenu du Qatar où il a été retenu 17 mois sur fond de litige avec son club d’Al-Jaish, va porter plainte contre trois personnes dont un frère de l’émir, le Cheikh Joaan bin Hamad al-Thani.

Zahir Belounis, de retour en France après avoir obtenu le visa de sortie que les autorités qataries lui refusaient depuis plus d’un an et demi en raison d’une procédure en justice lancée contre son club d’Al-Jaish, s’est exprimé devant la presse mardi.

Pour obtenir son visa de sortie du Qatar, ce footballeur de 33 ans dit avoir dû signer une lettre de licenciement antidatée à février 2013, qui le prive du reliquat du contrat signé avec Al-Jaish en 2010 pour une durée de cinq ans, soit 120 000 à 150 000 euros selon son avocat.

"Nous avons convenu de saisir le Parquet de Paris en déposant plainte en fin de semaine ou au début de la prochaine sur trois fondements : escroquerie, travail dans des conditions particulièrement inhumaines, qui est un délit spécifique au code pénal, et extorsion de fonds", a déclaré Me Frank Berton, l’avocat de Zahir Belounis, lors de la conférence de presse.

"Je ne suis pas un héros, je dénonce un système"

Trois personnes, dont un membre de la famille royale, seront visées par la plainte, a-t-il précisé. Il s’agit de Dahlan Gamaan al-Ahmad, président de Military Sports Association, où Zahir Belounis a joué entre 2007 et 2010, et de deux personnes liées à Al-Jaish, émanation de ce club créée en 2010. Sont visés le secrétaire général du club et le Cheikh Jooan Bin Hamad al-Thani, frère de l’émir du Qatar, que Me Berton a présenté comme le président d’Al-Jaish. Selon l’organigramme disponible sur le site internet de la fédération qatarie de football, le club est présidé par le chef d’état-major des armées, Hamad bin Ali al-Attiyah. Mais Frank Berton, qui défend également un entrepreneur emprisonné au Qatar, affirme viser les bonnes personnes.

L’avocat a précisé que la justice française était compétente puisqu’il s’agissait d’une affaire concernant un ressortissant français. Le parquet dispose de six mois pour éventuellement confier le dossier à juge d’instruction.

En marge de cette annonce, Zahir Belounis et son avocat ont souhaité que le football puisse mener la charge en faveur d’une amélioration des droits des travailleurs étrangers au Qatar, notamment les ouvriers employés pour construire des stades en vue du Mondial 2022.

"Je ne suis pas un héros, je ne cherche pas la notoriété, je dénonce un système", a assuré Zahir Belounis, qui dit avoir vécu "l’enfer" et dont la situation a nécessité l’intervention de la diplomatie française à très haut niveau. "Je suis Français, footballeur et ça a pris des mois. Imaginez un Philippin, travailleur sur des grues...

Avec REUTERS