![En Iran, le président Rohani prié d'arrêter de tweeter En Iran, le président Rohani prié d'arrêter de tweeter](/data/posts/2022/07/18/1658171478_En-Iran-le-president-Rohani-prie-d-arreter-de-tweeter.jpg)
Alors que les réseaux sociaux sont censurés depuis 2009 en Iran, de nombreuses personnalités politiques de premier plan, comme le président Hassan Rohani (photo), n'hésitent plus à les utiliser. Au grand dam des services de sécurité.
C'est ce qui s'appelle hausser le ton. Le chef de la police iranienne a vertement critiqué, lundi 2 décembre, les responsables du pouvoir actifs sur les réseaux sociaux, interdits depuis 2009, comme Twitter ou Facebook. Un mauvais exemple qui pourrait faire des émules au sein de la population de la République islamique.
"Le fait que certains responsables franchissent petit à petit les lignes rouges et entrent sur les réseaux sociaux qui sont interdits pour les citoyens n'est pas une bonne chose", a ainsi déclaré le général Esmail Ahmadi-Moghadam, interrogé sur la présence de membres du gouvernement sur ces réseaux sociaux. Cette présence "n'est pas un délit en soi mais la façon de les utiliser peut mener à commettre un délit", a-t-il ajouté en marge d'une réunion de la cyberpolice.
Dans la ligne de mire du chef de la police, le président Hassan Rohani en personne. Élu en juin dernier, le chef de l'État utilise régulièrement son compte Twitter @HassanRouhani pour promouvoir ses idées, en anglais et en persan. C'est d'ailleurs par le site de microblogging qu'il avait annoncé le 28 septembre dernier son coup de téléphone historique au président américain Barack Obama.
"In phone convo, President #Rouhani and President @BarackObama expressed their mutual political #will to rapidly solve the #nuclear issue", avait alors écrit le président Rohani dans un message en 140 caractères. ("Les présidents Rohani et Obama ont exprimé leur volonté politique mutuelle de résoudre rapidement la question #nucléaire"). Une partie des messages échangés entre les deux dirigeants avait ensuite été éffacée.
Mais le premier personnage de l'executif à avoir ouvert la brèche est le ministre des Affaires étrangères Javad Zarif (@JZarif). Le chef de la diplomatie iranienne actualise régulièrement ses comptes officiels Facebook (qui compte plus de 700 000 fans) et Twitter (un peu plus 96 000 abonnés). Le 24 novembre, c'est ainsi qu'il a officialisé l'accord intérimaire sur le programme nucléaire iranien conclu à Genève : "Nous sommes parvenus à un accord".
La révolution numérique en marche ?
La censure de Twitter, Facebook ou encore YouTube remonte à 2009, année de la réelection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad. Mais depuis quelques mois, de nombreuses voix, à commencer par le président Rohani, cherchent à assouplir les restrictions politiques et culturelles de la République islamique. Dans un entretien diffusé le 25 septembre sur la chaîne américaine CNN, le président iranien avait ainsi affirmé souhaiter que "au sein du cadre moral (en vigueur en Iran), nous soyons capables d'accéder à ces réseaux sociaux".
Reste que cette volonté de libéraliser la société iranienne se heurte aux responsables des différents services de sécurité et au Guide suprême de la République islamique, l'ayatollah Ali Khamenei, pourtant lui-même titulaire d'un compte sur Twitter (@khamenei_ir suivi par près de 32 000 abonnés), Instagram et même Facebook.
Parmi les arguments avancés contre l'ouverture des médias sociaux, l'impossibilité de garantir des contenus "halal", licites. Le porte-parole de l'autorité judiciaire a ainsi évoqué, lundi 2 décembre, la crainte que Facebook ne devienne "un moyen de propagation de la corruption, de la prostitution et des actes contraires à la morale et à la sécurité nationale". Gholamhossein Mohseni-Ejeie, cité par l'agence Irna, a affirmé avoir déjà "constaté de nombreux cas de ce type".
À défaut d'un Internet halal, un peu plus de 25 millions d'internautes iraniens, selon les chiffres de Reporters sans frontières, restent aujourd'hui privés d'accès aux sources d'information.