Zahir Belounis a retrouvé, le 28 novembre, la France et sa liberté. Ce footballeur franco-algérien de 33 ans a été bloqué pendant plus d’un an au Qatar à la suite d'un différend avec son club d’Al-Jaish. Il s’est confié le 1er décembre à FRANCE 24.
"Quoi qu'il arriva, j'avais décidé de passer Noël en France." Zahir Belounis, bloqué 17 mois durant au Qatar, était déterminé à quitter l’émirat par tous les moyens, même par une "évasion." Il n’aura finalement pas eu besoin d’avoir recours à une telle option.
Mercredi 27 novembre, ce footballeur franco-algérien, qui avait porté plainte contre son club d’Al-Jaish pour salaires impayés, a enfin reçu le feu vert des autorités pour quitter le Qatar. Un énorme soulagement pour Zahir Belounis qui est venu raconter son calvaire à FRANCE 24, dimanche 1er décembre.
FRANCE 24 : Comment allez-vous ?
Zahir Belounis : Je suis content. Cela a été extrêmement dur. Je reviens dans des conditions difficiles. On me ruine totalement, mais ce n’est pas le plus important en ce moment. Le plus important était de retrouver ma famille. Ma femme et mes filles ont beaucoup souffert de cette histoire.
Comment la situation s’est-elle débloquée ?
Mon avocat, Maître Berton, a fait bouger les choses. Il a osé faire ce que peu de personnes ont fait. J’ai eu le support d’Abdeslam Ouaddou qui a vécu la même chose que moi. J’ai eu aussi le soutien du syndicat des joueurs (Fifpro, NDLR). Mais ce qui s’est passé en coulisses, je n’en sais rien. Ce que je sais, c’est que l’on ma ruiné, on m’a fait mal. Les dirigeants du club ont dit qu’ils allaient me détruire. Je compte porter plainte en France pour séquestration, je ne peux pas leur pardonner. Cela a été trop dur.
Pour tout vous dire, j’avais préparé mon évasion pour fuir le pays illégalement. J’ai dit : "À Noël, je serais en France." Je n’avais plus d’autres choix.
Justement, dîtes-nous comment cela s’est-il passé. Quel a été le rôle de l’état français ?
Après la venue de mon avocat, l’ambassade a bougé. Ils ont travaillé. Cela a été long. Je trouvais cela inadmissible car je n’avais rien fait.
Jusqu’à la dernière minute vous avez douté…
J’avais l’impression de vivre cette scène du film "Midnight Express". Mon passage à la douane a duré 10 minutes, alors que d’habitude cela dure deux minutes. Je me disais qu’il allait y avoir un truc. Quand on a tamponné mon passeport, je me suis senti libéré.
À quoi ressemblait votre vie au Qatar ?
À rien ! Je m’occupais de mes filles, mais je ne m’entraînais plus. Je n’avais plus la force, j’étais à bout. Mon avocat me poussait à reprendre, mais j’étais vraiment à bout. J’attendais un appel, comme celui que j’ai eu le 27 novembre dernier.
Vous a-t-on fait signer des documents pour renoncer à vos salaires ?
Oui, c’était la condition pour que j’obtienne mon visa de sortie. Mais c’est un document antidaté qui ne rime à rien.
Quel est votre avenir désormais ?
Apparemment, quelques clubs anglais veulent me recevoir symboliquement pour m’entraîner. Mais on verra… Je ne connais pas mon avenir. Je vais profiter de ma famille
Aujourd’hui, je pense fort à Nasser (Al-Awartany, NDLR) et Jean-Pierre (Marongiu, NDLR) qui restent encore coincés là bas. Je vais me battre pour eux. Je vais tout faire pour les sortir de là.